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De l’eau contaminée qui fuit en quantité industrielle et des niveaux de radiation plus élevés que ce que la compagnie avait révélé à Fukushima. Il en faudra plus pour contaminer l’océan Pacifique, mais il aurait fallu faire mieux pour donner du lustre à l’industrie nucléaire.

Si Fukushima n’a pas été le désastre sanitaire que les plus pessimistes appréhendaient après le séisme du 11 mars 2011, c’est en revanche un désastre de relations publiques pour le nucléaire, pour la compagnie Tepco et pour le gouvernement japonanis. En plus de s’annoncer comme un gouffre financier.

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Il faudra 320 millions$ —au moins— pour ériger un mur de glace d’ici mars 2015, dans l’espoir de colmater les tonnes d’eau qui coulent sous les réacteurs endommagés de la centrale et, de là, se répandent jusqu’à l’océan. Le projet n’est pas inédit: il a été notamment employé dans des mines américaines, afin d'empêcher la contamination des nappes d'eau souterraines. Mais il n’est qu’une des manifestations du tout va mal des dernières semaines.

En tout, ce sont 470 millions que pourrait coûter l’ensemble de l’effort —incluant le mur de glace— pour contenir et arrêter les fuites. L’eau contaminée en question, c’est celle que les équipes envoient continuellement dans les réacteurs endommagés pour y refroidir les déchets nucléaires. Mais elle doit être ensuite récupérée, pour être entreposée «temporairement» dans de grands conteneurs, sur le site de Fukushima. Ce qui fait de plus en plus de grands conteneurs, avec chaque semaine qui passe. C’est de ces conteneurs, ou des tuyaux, ou des deux, que fuit l’eau contaminée que l’on essaie à présent de colmater.

Enfin, l’eau n’est elle-même qu’une partie du problème, puisque l’ensemble du nettoyage pourrait coûter des dizaines de milliards de dollars sur 40 ans.

Encore cette semaine, on apprenait que les niveaux de radiation autour de ces conteneurs étaient plus élevés que ce qui avait été précédemment calculé: 2200 millisieverts mardi à proximité d’un d'eux, contre 1800 samedi. Et bien que ces nouveaux chiffres ne suscitent pas à eux seuls l’inquiétude —ce sont à 99% des radiations bêta, les moins dangereuses du lot— ils mettent une fois de plus en lumière l’incapacité de la compagnie d’électricité TEPCO à contrôler la situation.

Ce qui rend la situation des défenseurs du nucléaire de plus en plus difficile. Même s’il est indéniable que le nucléaire constitue une énergie moins polluante en carbone que le pétrole ou le gaz, et même si, en dépit des accidents de Tchernobyl et de Fukushima, c’est une énergie qui tue moins de gens par kilowatt/heure que le charbon ou le pétrole, Fukushima dévoile au grand jour un aspect dont l’industrie aime très peu parler: quand une centrale vieillit, ça coûte cher. Dans un texte sarcastique, le chef de la section environnement du Guardian, Damian Carrington écrivait le 4 septembre:

Jadis, quand l’industrie nucléaire était jeune et brillante, elle brûlait de l’uranium. Aujourd’hui, vieille et ternie, elle brûle de l’argent. De promesses d’une électricité nucléaire trop peu coûteuse pour mériter d’être calculée, nous sommes maintenant passés à des factures trop élevées pour être calculées.

S’il a raison, on risque d’en réentendre parler, avec le grand nombre de centrales nucléaires qui, à travers le monde, ont été construites dans les années 1950 à 1970 et qui approchent de la fin de leur espérance de vie.

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