hoyonegro-science.jpg
Que les Amérindiens d’aujourd’hui aient pour ancêtres un ou des groupes de gens venus par la Sibérie fait désormais peu de doutes. Mais qu’en est-il des groupes qui sont peut-être arrivés avant tout le monde, et n’ont pas laissé de descendance? Il a fallu descendre jusqu’au fond d’une grotte aujourd’hui inondée pour avoir une réponse vieille de 12 000 ans.

Pas moins de huit communiqués de presse ont salué la semaine dernière une adolescente de 12 000 ans, au fond d’une grotte du Mexique:

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

  • une adolescente dont le génome était séquencé dans l’édition du 16 mai de la revue Science ;
  • dont le squelette avait été découvert par un plongeur en 2007;
  • plongeur dont l’expédition avait été financée par le National Geographic —d’où certains des communiqués de presse.

La jeune fille, baptisée Naïa, n’ajoute pas grand-chose aux connaissances scientifiques sur les premiers Amérindiens. En dépit des débats sur l’origine de ces «Paléo-Amérindiens» —des squelettes anciens dont les caractéristiques faciales ont donné lieu à bien de suppositions— peu doutaient sérieusement qu’ils aient suivi une route différente des autres —autrement, on en aurait trouvé des traces ailleurs que dans l’ouest du continent.

Et c’est ce que confirmeraient les gènes mitochondriaux extraits d’une molaire de Naïa: elle appartient à une lignée dont les racines, en Sibérie, sont partagées par tous les autres Amérindiens.

Autrement dit, bien qu’il ne soit pas impossible que le groupe d’humains auquel appartenait Naïa ait traversé le détroit de Bering avant tous les autres (il y a 15 à 18 000 ans), tous appartenaient à la même grande famille «Béringienne».

Quant à savoir pourquoi certains des plus anciens squelettes, dont celui-ci, partagent des caractéristiques faciales qui ont fait croire à une origine distincte, les gènes de la molaire n’en disent rien. L’auteur principal, Jim Chatters, de la firme Applied Paleoscience, a déclaré aux journalistes qu’il pouvait s’agir d’une lignée qui, arrivée plus tôt, aurait connu une évolution divergente en se transformant en lignée d'agriculteurs, mais peu d’experts vont dans la même direction que lui.

Les experts de «l’homme de Kennewick» —le plus célèbre de ces anciens squelettes, découvert dans l’État de Washington— conviennent qu’il puisse s’agir d’une évolution survenue après l’entrée en Amérique, mais rappellent que le génome de Naïa est pour l’instant le seul de sa sorte.

Je donne