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Le mois de janvier a battu un record (encore). Le cyclone qui a frappé les Fidji pourrait en être une conséquence. Mais en attendant, ce sont les records battus dans l’Arctique qui intriguent —et inquiètent.

Là-haut, la moyenne du premier mois de l’année a été de 4 degrés Celsius au-dessus de la moyenne 1951-1980 des mois de janvier (et de 5 degrés en Sibérie). Un record qui a été accompagné de la plus faible quantité de glace observée pour un début d’année: 13,5 millions de km2, soit un million de moins que la moyenne des années 1981 à 2010.

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Que l’Arctique vive le réchauffement climatique plus intensément que le reste du monde n’a rien d’inhabituel —les climatologues nomment cela «l’amplification arctique». Mais 4 degrés Celsius de plus, ça dépasse les prévisions les plus pessimistes, note Mark Serreze, directeur du Centre américain de données sur la neige et la glace. Et pour l’instant, il semblerait que ça se soit poursuivi en février: dans l’air, à une altitude de 900 mètres, les données de son centre contiennent des anomalies de «plus de six degrés» au-dessus de la moyenne.

Quant aux glaces, si elles devaient demeurer à un niveau inhabituellement bas jusqu’à la fin de la saison, les chaleurs de l’été prochain auraient la partie facile pour libérer une portion de l’océan Arctique plus vaste que jamais.

Le fait que tout cela se produise dans une année El Niño n’est pas une coïncidence, conviennent les climatologues. Ce qui les intrigue, c’est plutôt ce qui va se passer ensuite: Jennifer Francis, de l’Université Rutgers, est par exemple de celles qui cherchent des corrélations entre les fluctuations des températures de l’Arctique et celles beaucoup plus au sud. Sans succès jusqu’ici, se plaint-elle dans le Washington Post: «nous avons cet énorme El Niño, nous avons ce blob chaud dans le nord-est du Pacifique, ce blob froid dans l’Atlantique et cet Arctique ridiculement chaud. Toutes ces choses qui ne se sont jamais produites auparavant, se produisent en même temps.»

Quant au mois de janvier, à l’échelle de la planète, il n’a pas seulement été le plus chaud mois de janvier des 137 dernières années, selon la NASA et l’agence des océans et de l’atmosphère (NOAA). Rien que le fait de battre le record précédent (en 2007) de 0,16 degré constitue presque en soi un record: c’est, en plus d’un siècle, le deuxième plus gros écart par rapport à la moyenne pour n’importe quel mois de l’année. La première place étant détenue par... décembre 2015.

Chose certaine, une température plus élevée signifie des eaux plus chaudes et des eaux plus chaudes signifient des risques d’ouragans accrus. C’est ce qu’ont vécu le 20 février les habitants des îles Fidji, frappés par l’ouragan Winston, qualifié du plus dévastateur à avoir frappé une terre de l’hémisphère sud en un siècle. Lundi, les autorités de cet État insulaire du Pacifique ainsi que l’UNICEF faisaient état de 42 morts et de 50 000 sans-abri. Coïncidence, quatre jours avant l’arrivée de l’ouragan, Fidji était devenu le premier État à ratifier l’Accord conclu à Paris en décembre, lors de la conférence mondiale sur les changements climatiques.

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