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Un barrage fragilisé qui, en Californie, force l'évacuation de près de 200 000 personnes : un rappel que des événements climatiques extrêmes et des infrastructures vieillissantes constituent un mélange explosif.

Le danger est écarté pour l’instant : l’évacuation de tonnes d’eau du lac Oroville, dimanche, a réduit les risques d’une catastrophe. Mais le cratère apparu sur un des déversoirs est suffisamment inquiétant pour qu’on appréhende déjà la pression sur ces infrastructures que fera peser dans quelques semaines la hausse du niveau de l’eau, quand la neige va commencer à fondre — considérant que la quantité de neige dans la région est de 150 % supérieure à la normale.

Une partie du problème provient d’une situation météorologique exceptionnelle : après plus d’une décennie de sécheresses, la Californie a reçu ces derniers mois une telle quantité de pluie et de neige que ses cours d’eau débordent. Des installations comme le barrage du lac Oroville sont certes conçues pour faire face à des événements exceptionnels... à condition d’être bien entretenues. Or, c’est ce que reprochent les environnementalistes : le barrage n’aurait pas été adéquatement entretenu, depuis sa construction de 1964 à 1968. Un groupe constitué entre autres du Sierra Club avait déposé une plainte à ce sujet dès 2005, a révélé cette semaine un quotidien local, le Mercury News. Et il n’y a pas qu’en Californie : l’entretien des barrages américains en général se méritait à peine la note de passage (un « D »), dans un rapport de 2013 de la Société des ingénieurs civils.

En 2012, il y avait 13 991 barrages aux États-Unis qui étaient classifiés à haut risque (contre) 10 118 il y a 10 ans. De plus, 12 662 sont actuellement classés « risque significatif », ce qui veut dire qu’un bris n’impliquerait pas nécessairement une perte de vie, mais résulterait en des pertes économiques importantes.

La moyenne d’âge de nos barrages est de 52 ans. En 2020, 70% de l’ensemble des barrages aux États-Unis auront plus de 50 ans.

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Le lac Oroville illustre l’urgence de se préparer à une fréquence accrue de tels événements climatiques, prévient l’Union of Concerned Scientists dans un communiqué émis le 13 février.

Des propos répercutés par des observateurs californiens depuis lundi, à mesure que s'éloigne la perspective d’une catastrophe immédiate. « Les plus gros événements qui causent les plus gros problèmes sont ceux dont nous sommes pas mal certains qu’ils vont se reproduire », résume le climatologue Daniel Swain, de l’Université de Californie, au magazine E&E News. « Nous observons la pression que le climat actuel fait peser sur nos infrastructures, et nous observons dans certains cas que c’est suffisant pour causer de très gros problèmes. »

Ajout 16 février 9h: Ces photos qui arrivent des médias locaux permettent de se faire une idée de ce qu'est ce "cratère".

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