On appelle « revues prédatrices » ces publications qui envoient aux quatre coins du monde des invitations à leur soumettre des articles, moyennant paiement. Sans révision par les pairs, souvent sans même un travail d’édition, leur « modèle d’affaires » est très simple : vous nous payez, nous publions. Elles constituent une plaie de l’édition scientifique, augmentant la masse de recherches publiées qui n’en valent pas nécessairement la peine, recherches qui se retrouvent à leur tour citées par d’autres recherches du simple fait qu’elles existent.
Mais comme l’a écrit récemment l’économiste canadien Derek Pyne, si elles existent, c’est parce qu’elles répondent aussi à un besoin : devant la pression que subissent nombre de jeunes chercheurs à publier le plus possible et le plus vite possible, toute recherche parue est bonne à ajouter à son CV. « Les universités sont complices de l’édition prédatrice », accuse-t-il. Du moins, les universités qui n’ont pas établi de politiques interdisant cette pratique. Parce que des protestations commencent à voir le jour, relève un reportage du New York Times : à la City University de New York par exemple, des professeurs se sont plaints publiquement du fait qu’une demi-douzaine de leurs collègues ont été récompensés pour avoir publié dans de telles revues douteuses. Le reportage cite aussi un professeur de l’Université d’État du Delaware, où le comité d’embauche aurait récemment reçu une candidature dont le dossier énumérait 50 publications « douteuses ». Il y a quelques années, note-t-il, personne n’aurait pensé à vérifier.