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Historiquement, les femmes astronomes ont toujours eu un taux de succès plus bas dans leurs projets d’utilisation du télescope spatial Hubble. Jusqu’à ce que l’Institut qui gère cet instrument ait finalement décidé, en début d’année, d’y aller par voie de « révision aveugle » — où l’identité des proposeurs reste anonyme. Résultat ?

Non seulement une augmentation sensible de la proportion de projets qui seront dirigés par des femmes, mais en plus, pour la première fois, le pourcentage de projets déposés par des femmes et acceptés dépasse légèrement celui des hommes.

Dans son dernier bulletin de l’année 2018, l’Institut du télescope spatial fait un bilan de l’expérience : en additionnant les trois appels à projets de l’année, sur 138 projets déposés par des femmes astronomes, 12 ont été acceptés, tandis que sur les 351 projets déposés par des hommes, 28 ont été acceptés. En pourcentage, ça donne un taux de succès de 8,7 % pour les femmes, contre 8 % pour les hommes. Un renversement de la tendance vue depuis au moins 15 ans. Rien qu’en 2017, les taux de succès étaient de 24 % pour les hommes et de 13 % pour les femmes (6 projets acceptés sur 146 proposés).

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Ce n’est pas la première fois qu’un texte de l’Agence Science-Presse souligne que la discrimination, même inconsciente, est encore bien présente en science. Sans parler du harcèlement sexuel dans les universités. Mais si le concept de « réviseurs aveugles » est connu depuis longtemps, il a été fort peu utilisé dans le but de voir s’il pourrait contribuer à combattre le sexisme. La revue Behavioral Ecology avait par exemple conclu, en 2017, que son système de « révision par les pairs en double aveugle » — où ni les auteurs ni les réviseurs ne peuvent identifier l’autre — aurait permis de publier plus de femmes, mais les résultats restent mitigés. Alors qu’avec l’expérience des astronomes, on a un revirement de situation d’autant plus net que la prépondérance des projets soumis par des hommes et qui sont acceptés, était suffisamment dérangeante pour avoir fait l’objet d’une enquête interne il y a trois ans.

Cette petite victoire survient deux mois après une autre, de taille : au début d’octobre, la Canadienne Donna Strickland devenait la première femme à remporter le Nobel de physique… en 55 ans. Ce qui a pendant un moment braqué les projecteurs sur l’Université de Waterloo, Ontario, qui s’est aperçue, un peu penaude, que sa nouvelle célébrité n’était que « professeure associée ». Lors de la conférence de presse, un des journalistes a jugé bon de demander au président de l’Université si son institution imposait désormais un prix Nobel comme critère pour l’obtention d’une permanence.

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