Il s’appelle Geoff Marcy, et à l’instar du producteur Harvey Weinstein qui doit sa chute à des journalistes (au Washington Post), Marcy doit sa chute à une journaliste (chez BuzzFeed) qui a réussi à faire parler des femmes et à lever un tabou: Marcy lui aussi était une célébrité, découvreur à la chaîne de planètes extrasolaires mais surtout, soupçonné d’entretenir un climat de travail toxique avec les femmes depuis plus de 20 ans (lire ce billet de Pauline Gagnon).
Sa chute a donc fait du bruit, et les révélations de la journaliste Azeen Ghorayshi présageaient de ce qui allait suivre: un autre célèbre astronome de Caltech a été renvoyé de son université pour harcèlement sexuel, un microbiologiste réputé, et plusieurs autres. « Le climat a changé », analysait à l’été 2016 un reportage du magazine Undark.
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Mais il reste du chemin à faire. L’adoption, en septembre dernier, d’une nouvelle politique de l’Union géophysique américaine définissant le harcèlement sexuel comme une faute grave, à mettre sur le même pied que le plagiat ou la falsification de données, a rappelé que cette association était l’une des rares à avoir franchi ce pas. En décembre, quatre chercheures représentant le jeune mouvement « 500 Women Scientists » signaient une longue lettre dans le Scientific American, réclamant des actions de la communauté scientifique et des universités, pour combattre le harcèlement sexuel.
En plus de la lenteur des institutions à prendre des actions qui furent décevantes, les associations de scientifiques ont été lentes à réagir.
Parmi leurs recommandations: les organismes subventionnaires devraient imposer des pénalités financières aux universités qui auraient failli à leur tâche de réagir adéquatement ou de mettre fin aux pratiques d’un harceleur. Dans le même esprit, au début de décembre, 9 représentants de l’Université de Rochester, dans le nord de l’État de New York, déposaient une poursuite contre le président de leur université pour avoir réagi trop mollement aux accusations de harcèlement sexuel circulant autour d’un prestigieux chercheur en sciences cognitives. Alors que 2017 s’achève sur le mot « féminisme » choisi mot de l’année par le dictionnaire Merriam-Webster, et alors qu’à Washington, un certain président sent des accusatrices lui souffler dans le dos, c’est une évolution de l’actualité scientifique qu’il faudra suivre en 2018.