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Une pionnière de l’éthique de l’intelligence artificielle, un explorateur de la planète Mars et une militante des droits des peuples autochtones, sont trois des 10 personnes choisies par la revue Nature pour avoir marqué l’année 2021.

Victoria Tauli-Corpuz a été pendant six ans la rapporteuse spéciale des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. On lui attribue un succès de la COP26 dont on a moins parlé: une promesse de 1,7 milliard$, des pays riches et d’une dizaine d’organisations philanthropiques, pour aider les peuples autochtones à travers le monde à préserver forêts et biodiversité et à poursuivre leur combat pour garder le pétrole dans le sol. Nature note que Victoria Tauli-Corpuz qui représente elle-même un peuple autochtone des Philippines, « a passé des années à voyager à travers le monde pour convaincre gouvernements, environnementalistes et fondations philanthropiques, que les peuples indigènes sont les meilleurs gardiens des forêts et des autres lieux-clefs de la biodiversité —une chose qui a récemment été validée par la littérature scientifique ».

À des millions de kilomètres de là, l’arrivée réussie, en février 2021, d’une sonde chinoise et de son véhicule sur le sol martien est bien moins lourde de conséquences, mais elle rappelle que le paysage de l’exploration spatiale est en train de changer, au même rythme que change la géopolitique: seuls les États-Unis avaient jusqu’ici été capables de déposer un véhicule sur Mars. En plus du fait que la mission Tianwen-1 a impliqué, pour son directeur Zhang Rongqia, de coordonner des dizaines de milliers de personnes et de convaincre et d’assumer la responsabilité d’une mission qui incluait trois engins —le véhicule roulant, l’atterrisseur et l’orbiteur— une combinaison ambitieuse pour un pays qui n’était encore jamais allé au-delà de la Lune. Le véhicule se dirige à présent vers une région de Mars qui pourrait avoir été, il y a très longtemps, le rivage d’un océan.

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Six femmes sur 10

On notera par ailleurs que 6 des 10 choix de Nature sont des femmes. Outre Tauli-Corpuz:

  • Timnit Gebr, qui travaille sur l’éthique de l’intelligence artificielle —on lui doit notamment, il y a quelques années, d’avoir attiré l’attention sur le fait que les logiciels de reconnaissance faciale fonctionnaient moins bien avec les non-Blancs;
  • Winnie Byanyima, chef de file du combat pour une distribution plus équitable des vaccins anti-COVID dans les pays du Sud;
  • Friederike Otto, experte mondiale des événements météorologiques extrêmes et de leur attribution, ou non, à l’influence humaine, à travers le groupe World Weather Attribution qu’elle a co-fondé en 2015;
  • Meaghan Kall, épidémiologiste britannique devenue une « communicatrice de la COVID » en 2021 et un modèle pour les agences de santé publique à travers le monde qui ont été confrontées à la fois à des scientifiques qui ne sont pas toujours des bons vulgarisateurs, et à la fois à des politiques qui ne facilitent pas toujours la transparence ;
  • Janet Woodcock, devenue, en pleine crise sanitaire mondiale, directrice de l’organisme américain en charge d’approuver les médicaments —incluant les vaccins.
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