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Selon une étude parue le 25 février, la multiplication par trois de la quantité de CO2 dans l’atmosphère — un scénario au-delà des scénarios actuellement les plus pessimistes — aurait pour conséquence de faire disparaître une catégorie de nuages, ce qui exposerait la Terre à davantage de rayonnement solaire, donc accroîtrait le réchauffement, lequel ferait disparaître d’autres nuages, et ainsi de suite. Mais plusieurs climatologues, qui ont réagi depuis lundi, considèrent que le modèle n’est pas aussi « exportable » à l’ensemble de la planète que les chercheurs eux-mêmes l’ont laissé croire.

Ce débat rappelle que si les modèles climatiques sont devenus aptes à prédire l’évolution des températures, en revanche, la formation et l’évolution des nuages leur échappe encore. Prédire la quantité de condensation qui se formera au-dessus de l’Atlantique nord en relation avec tel ou tel accroissement de la température est relativement facile. Mais prédire comment ces nuages se disperseront est une autre paire de manches.

Les auteurs de l’étude parue dans Nature Geoscience — qui a eu droit à une excellente couverture médiatique — pointent les stratocumulus comme les premières victimes d’une atmosphère qui atteindrait les 1200 parties par million (PPM) de CO2 (contre un peu plus de 400 aujourd’hui). Dans ce scénario, la disparition de ces nuages puis des autres, pousserait le réchauffement jusqu’à un niveau catastrophique de huit degrés.

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Le problème toutefois, est que leur « simulation de tourbillon », bien qu’étant allée beaucoup plus en profondeur que ce dont les simulations informatiques du genre étaient capables, n’en représente pas moins l’équivalent d’une portion de l’atmosphère. Il n’y a aucun doute qu’à un moment donné, la disparition des stratocumulus entraînerait une cascade d’autres événements. Mais il n’y a aucune raison d'affirmer que cela se produirait partout à la même échelle et à la même vitesse.

Il faut aussi rappeler que les scénarios les plus pessimistes, soit ceux où aucune action significative n’est prise à brève échéance pour ralentir notre consommation d’énergies fossiles, catapultent le taux de CO2 à 1000 PPM — un niveau énorme, sans commune mesure depuis des dizaines de millions d’années, mais néanmoins en-dessous du seuil catastrophique décrit par ces chercheurs. D’un autre côté, s’ils ont raison, rien ne permet non plus d’affirmer que 1200 PPM serait « le » seuil à partir duquel se déclencheraient les réactions qu’ils décrivent : la prudence, estiment-ils, enjoindrait de se tenir le plus loin possible de ce seuil.

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