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« L’explosion du Cambrien », cette période de temps étonnamment courte qui a défini toute l’évolution de la vie sur Terre, n’était peut-être qu’une explosion parmi tant d’autres. Des chercheurs proposent même de parler d’un marathon.

On donne ce nom à une période d’il y a 540 à 520 millions d’années. À l’échelle géologique, c’est court : la Terre abritait alors, depuis pas moins de 3 milliards d’années, des formes de vie très simples. Mais en seulement 20 millions d’années, la biologie aurait fait un bond de géant, donnant naissance à un grand nombre des branches des règnes animaux et végétaux que l’on connaît aujourd’hui.

Certes, on soupçonne depuis longtemps qu’on n’est pas passé d’un seul coup des bactéries à des formes de vie plus complexes. De nombreux êtres vivants qui ne laissent pas de traces fossiles parce qu’ils n’ont pas de squelettes ont probablement commencé à ramper au fond des océans quelques centaines de millions d’années plus tôt. Mais il semblait bel et bien s’être passé quelque chose de majeur il y a 540 millions d’années, un « big bang » biologique, selon une expression souvent utilisée.

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S’il y a un bout de temps que des généticiens tentent de remettre cette datation en question — en comparant l’ADN d’espèces très éloignées les unes des autres, on peut hypothétiquement calculer le moment où leurs ancêtres se sont séparés — une équipe va encore plus loin dans une édition récente de la revue Nature Ecology and Evolution : elle remet en doute l’idée d’un bond de géant, et évoque plutôt une série de « bonds », chacun ayant permis l’apparition de nouvelles espèces qui ont supplanté les précédentes ou se sont hybridées.

Leur hypothèse permettrait de faire reculer l’horloge à au moins 571 millions d’années — la période appelée Édiacarien. Des créatures plus complexes que l’on sait être apparues à cette époque, mais que les biologistes considèrent souvent comme des culs-de-sac de l’évolution, auraient ainsi survécu et partagé leur bagage génétique avec certaines des créatures apparues plus tardivement, lorsque les nouvelles conditions environnementales l’ont permis. Parmi ces conditions environnementales : le taux d’oxygène. Plutôt que de grimper de façon linéaire comme le veut le modèle traditionnel, il aurait fluctué au fil du temps et des régions géographiques, donnant leur chance à des espèces plus opportunistes.

Sachant que la Terre a ensuite connu une de ses extinctions massives il y a 513 millions d’années, Rachel Wood et ses collègues de l’Université d’Edimbourg, jugent qu’on pourrait parler de cinq « grands bonds » entre l’Édiacarien et la fin du Cambrien. Cinq « mini big bang » de l’évolution en somme, chacun ayant façonné une partie de l’arbre de la vie tel que nous le connaissons.

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