Un des grands mystères des premiers âges de l’évolution de la vie tourne autour de la mitochondrie : cette structure à l’intérieur de nos cellules est souvent considérée comme la lointaine descendante d’une bactérie qui, il y a trois milliards d’années, s’est jointe à une plus grosse bactérie. On a peut-être, pour la première fois, identifié une bactérie vivante qui ressemble à ce lointain ancêtre.
L’histoire commence en 2010, alors que des chercheurs identifient dans des sédiments, au fond de l’océan Arctique, de l’ADN de micro-organismes jusqu’alors inconnus : on les appelle Lokiarchaeota, parce qu’ils faisaient manifestement partie de la famille des archées, un groupe qui possède sa propre branche dans l’arbre de la vie, distinct des bactéries et des eucaryotes — les espèces avancées, dont nous.
Sauf que ces Lokiarchaeota possédaient aussi de l’ADN censé être unique aux eucaryotes, incluant des gènes utiles pour former ou déformer la membrane d’une cellule — une habileté importante si une bactérie veut pouvoir se joindre à une autre. Or, dans une recherche déposée le 8 août sur le serveur de pré-publication bioRxiv, une équipe japonaise écrit avoir été capable, pour la première fois, de faire croître en laboratoire ces mystérieuses archées. Deux caractéristiques se dégagent : la première est que ce n’est pas vraiment une bactérie, parce qu’elle ne peut pas vivre par elle-même, il lui faut pour cela se joindre à (au moins) un autre micro-organisme. La deuxième caractéristique sont ses « bras », un peu comme des tentacules à son échelle microscopique — et le fait que son « partenaire » microbien fait son « nid », si l’on peut dire, dans ces bras.
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Rien ne démontre évidemment que c’est ce qui s’est passé avec les mitochondries il y a trois milliards d’années, mais la simplicité de la solution, qui n’implique pas le risque de devoir « percer » la membrane d’une cellule pour y entrer, pourrait être plus près de ce qui était possible avec les « moyens » des microbes primitifs de l’époque.