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Près de la moitié des études conduites sur les animaux ne sont jamais publiées, selon un reportage paru dans la revue Nature qui s’attarde aux problèmes que cela entraîne et présente une piste de solution : les registres de recherche.

Le principe : présenter un plan détaillé du projet avant même d’entamer l’expérience. Les chercheurs résument leur hypothèse, leur méthodologie et l’analyse prévue. Ce plan se retrouverait dans un catalogue en ligne, et rendu accessible aux pairs, ou gardé sous embargo pour une durée de quatre ans. Cette pratique de registre, déjà établie pour les études cliniques, semble prometteuse pour éviter les biais de publication — c’est-à-dire le fait que les études avec des résultats négatifs sont rarement publiées. Certains chercheurs dont l’expérience infirme leur hypothèse de départ changeraient trop souvent leur hypothèse dans l’article final. Avec l’accès au plan d’origine, ce genre de modification ne passerait plus inaperçu.  

Outre les biais de publication, les registres pourraient contrer le problème de reproductibilité des expériences —c’est-à-dire la difficulté qu’ont souvent les chercheurs à reproduire les résultats de la première étude. Par exemple, détailler les conditions de captivité et de manipulation des animaux, deux éléments qui peuvent influencer les résultats, faciliterait la tâche. Adrian Smith, secrétaire de Norecopa, une organisation qui vise à améliorer et à réduire l’utilisation d’animaux dans la recherche, soutient dans le reportage qu’il est « impensable de tenter de résoudre la crise de reproductibilité sans s’occuper également de ces facteurs “non mathématiques”. »

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À l’heure actuelle, seuls deux registres existent pour les études animales, un premier vient de chercheurs des Pays-Bas et le second a été créé à Berlin. Ensemble, ils ne comptent toutefois que quelques douzaines d’études. La pratique n’est pas encore répandue pour ces études dites précliniques. Les chercheurs n’y voient pas d’avantages par rapport au travail administratif supplémentaire que demanderait un tel registre. Mais selon Malcolm Macleod, un chercheur britannique interrogé dans l’article de Nature et qui a documenté la qualité de la recherche et les biais dans les travaux précliniques, ça pourrait renforcer la crédibilité des études aux yeux des journaux scientifiques et des comités de revue par les pairs.  

Un autre avantage, déjà observé pour les registres d’études cliniques, est celui d’une meilleure méthodologie. Selon Chris Chambers, professeur de neuroscience à l’Université Cardiff, au Royaume-Uni, la révision par les pairs du plan de l’expérience permettrait de trouver des lacunes dans le protocole et de les corriger avant le début de l’expérience.
 

- Audrey-Maude Vézina

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