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Pendant que les différents pays se réjouissaient —comme au Québec— ou s’inquiétaient —comme en France— des résultats de leurs élèves à l’enquête PISA, un élément troublant les unissait: moins d’un élève sur 10 s’est avéré capable de distinguer un fait d’une opinion. 

Il s’agit de l’enquête triennale (une fois par trois ans) intitulée « Programme international pour le suivi des acquis » (PISA) qui, pour son édition 2018, a été réalisée auprès de 600 000 élèves de 15 ans dans 79 pays. Elle a été rendue publique mardi par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). 

Et du coup, l’interprétation des données de cette enquête, au-delà de ce qu’elle révèle sur les compétences en lecture ou en mathématiques (ou sur les lacunes), peut se faire suivant une perspective inédite. Comme l’écrit le statisticien Andreas Schleicher, coordonnateur du PISA, en notre époque de désinformation où circulent des termes tels que « post-vérité », « la lecture n’est plus simplement une question d’extraction d’information. C’est construire de la connaissance, penser de façon critique et poser des jugements fondés. » 

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Les auteurs des questionnaires en étaient conscients, eux qui avaient ajouté des exercices en ce sens. Les élèves ne devaient pas seulement démontrer leur capacité à comprendre ce que les phrases disaient, mais ils devaient, entre autres choses, démontrer leur capacité à distinguer un fait d’une opinion, lorsqu’ils lisaient sur un sujet qui ne leur était pas familier.

Et c’est sur ce point que les résultats sont inquiétants. Même chez le champion des 79 pays, Singapour, seulement un élève sur quatre a atteint le niveau où on le considère capable de faire cette distinction entre le fait et l’opinion. Le Canada était dans le peloton de tête, mais avec seulement un élève sur sept capable de faire la distinction, en compagnie de la Finlande, de quatre provinces chinoises et de Hong Kong. En France, c’était un sur dix. 

Suggérant implicitement un lien, dans son analyse des résultats, Andreas Schleicher insère un autre constat: « les étudiants semblent lire moins pour leur plaisir et lisent moins de livres de fiction, de magazines et de journaux par choix… Ils lisent plutôt pour des besoins pratiques. » Bien plus, par rapport à neuf ans plus tôt, on compte davantage d’étudiants qui considèrent que la lecture est « une perte de temps »: à l’échelle de l’OCDE, 49% disaient lire, en 2018, seulement lorsqu’ils y étaient obligés, contre 44% en 2009. 

Les systèmes d’éducation commencent à devoir admettre que leur influence sur ce que lisent les jeunes est en déclin, lit-on dans le rapport. Ils ont un rattrapage à faire, en cette époque où, peu importe le pays de l’OCDE où l’on se trouve, il ne fait aucun doute que tous les étudiants devront « être capables de lire des textes complexes, de distinguer entre des sources d’information crédibles et d’autres qui sont peu fiables, et de questionner les connaissances et les pratiques de notre temps. »

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