Derrière le fait de partager une fausse nouvelle sans l’avoir vérifiée, il y a souvent un biais de confirmation: dès qu’on croit à quelque chose, on a plus de chances de partager une nouvelle qui confirme notre croyance. Or, derrière la vague de fausses nouvelles entourant le coronavirus, se dissimule souvent un racisme sous-jacent.
Entre les nouvelles sur les soupes de chauve-souris qui seraient responsables du virus (ce qui est faux) et celles sur des scientifiques chinois qui auraient expédié depuis le Canada un échantillon du virus (tout aussi faux), on remarque un point commun: les images ou les reportages partagés ne disent absolument pas ce qu’on leur fait dire (une image de la soupe, par exemple, provient d’une île du Pacifique), ce qui n’empêche pas les gens de se déchaîner dans les commentaires contre « les Chinois » ou leurs étranges habitudes.
Ce ne sont pas que les médias sociaux qui en pâtissent: depuis quelques jours, des reportages en France, en Grande-Bretagne, au Canada ou aux États-Unis, font état de gens d’origine chinoise ou aux « traits asiatiques » qui se font insulter dans la rue. En banlieue de Toronto, des parents ont demandé que les enfants d’une famille récemment revenue de Chine soient gardés à la maison pendant 17 jours.
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Mais les médias sociaux permettent littéralement de mettre des chiffres sur le phénomène: des mots-clics à connotation raciste ont été en vedette sur Twitter ces derniers jours, tandis que les rumeurs sur une origine animale du virus ont donné naissance à une multitude de messages ou de vidéos sur l’hygiène ou les habitudes alimentaires « révoltantes ». L’idée selon laquelle ce virus serait une arme biologique échappée d’un laboratoire chinois a également la cote —quoique, à la défense de ceux qui ont relayé cette « nouvelle », des théoriciens du complot ont aussi évoqué de prétendus laboratoires américains installés secrètement en Chine.
Le tweet qui, le 25 janvier, a lancé la fausse rumeur d’un couple « d’espions » chinois qui aurait volé le coronavirus dans un laboratoire de Winnipeg, a été partagé près de 13 000 fois —et généré des commentaires sur « l’absence de moralité » des Chinois, les « étrangers » qui ne devraient pas être employés dans ces laboratoires et autres « ils ont tenté de nous tuer ».