Stockholm

Sur le front de la pandémie, les choses vont plus mal que jamais aux États-Unis… et voilà que pourtant, la Suède vient de dépasser les États-Unis pour le nombre de nouveaux cas par million d’habitants.

De la fin juillet jusqu’à la fin septembre, la Suède était restée sur un plateau encourageant de moins de 400 nouveaux cas par jour. La situation s’est ensuite dégradée à une vitesse accélérée: 500 cas le 3 octobre, 1000 cas le 23 octobre, 2000 cas le 30 octobre, et 4000 cas le 11 novembre.

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Ça peut sembler peu à côté des États-Unis qui font face eux aussi à une croissance exponentielle (continue et très rapide) : d’un plateau, en août et septembre, de quelque 40 000 cas par jour, on est passé au pays de Trump à 80 000 cas le 31 octobre et à 130 000 le 12 novembre. Mais c’est quand on compare ces chiffres par million d’habitants que la Suède se retrouve sur la même trajectoire que les États-Unis.

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La France a connu elle aussi une montée exponentielle, mais pourrait avoir atteint un sommet le 8 novembre —il faudra attendre une semaine encore pour en être sûr.

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Tous les indicateurs « vont dans la mauvaise direction », a admis plus tôt cette semaine le premier ministre suédois. En une semaine, le nombre de patients aux soins intensifs a doublé.

« Jusqu’ici, la stratégie suédoise s’est avérée être un échec dramatique », a déclaré la virologue Lena Einhorn, une critique de longue date de cette stratégie qui consistait à ne fermer ni les restaurants ni les autres lieux publics, et à faire confiance à l’auto-discipline de la population.

L’accélération de la deuxième vague avait toutefois suffisamment inquiété pour qu’en octobre, le gouvernement sacrifie un peu de ce modèle, vanté ou décrié ailleurs, pour autoriser les régions à imposer leurs propres restrictions —limiter les transports en commun, les déplacements entre les villes, les visites aux résidences de personnes âgées… Quant aux restaurants et bars, à partir du 20 novembre, il pourrait ne plus être possible d’y vendre de l’alcool après 22h et ce, jusqu’en février.

Bien que l’agence de santé publique se soit toujours défendue de poursuivre une politique d’immunité collective —laisser le virus se propager librement jusqu’à ce que suffisamment de gens soient immunisés— ceux qui ont vanté le modèle suédois ont bel et bien invoqué l’immunité collective de préférence aux différents niveaux de confinement imposés ce printemps et cet automne un peu partout dans le monde. 

Mais quelles qu’aient été les intentions, l’immunité collective est encore loin: même sans avoir limité les déplacements ou fermé les restaurants, on estime que moins de 20% de la population de la capitale, Stockholm, serait à présent porteuse des anticorps la rendant en théorie immunisée au virus. Et le taux de décès en Suède est cinq à 10 fois plus élevé que celui des autres pays scandinaves: 609 morts par million d’habitants contre 130 au Danemark et 54 en Norvège, en date du 12 novembre (mais 750 aux États-Unis et 650 en France)

 

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