Des recherches en sciences sociales dont la fiabilité a été mise en doute sont citées plus souvent que des recherches plus fiables. Et ce, pas par des médias ou sur Facebook, mais par d’autres chercheurs en sciences sociales.
En tout, les recherches qu’on n’a pas été capable de reproduire ont reçu 153 citations de plus, en moyenne, que celles qu’il a été possible de reproduire. Et dans certains cas, plusieurs chercheurs ont continué de citer la recherche après un effort infructueux de reproduction de ses résultats, révèle une récente analyse publiée par deux économistes californiens.
L’idée de pouvoir reproduire des résultats réfère à un important concept en recherche, la reproductibilité: c’est-à-dire la possibilité que d’autres chercheurs puissent obtenir les mêmes résultats que leurs collègues dans une seconde expérience —ce qui donne d’emblée à la première expérience une plus grande crédibilité. Depuis 10 ans, la recherche en psychologie est passée par rien de moins qu’une « crise de la reproductibilité », et le malaise a atteint d’autres disciplines.
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C’est ainsi que sont nés des efforts tels que le Social Sciences Replication Project, voués spécifiquement à tenter de reproduire des résultats d’études plus ou moins célèbres. Les deux économistes californiens, Marta Serra-Garcia et Uri Gneezy, ont utilisé les données de trois de ces initiatives portant sur 80 études, et ont comparé les facteurs d’impact des études qu’il avait été possible et impossible de reproduire. Leur étude est parue le 21 mai dans Science Advances.
Ils rappellent que l’échec à reproduire une étude ne signifie pas que celle-ci était erronée: la nature humaine est par définition changeante et diversifiée, et reproduire des comportements individuels ou sociaux dans une situation donnée est notoirement difficile. Mais c’est l’équivalent d’un drapeau rouge pour les futurs chercheurs qui seraient tentés de s’en servir comme d’une référence solide.