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Il y a 13 400 ans, plusieurs individus ont été enterrés avec des marques de violences subies à plusieurs moments de leur vie, ce qui pourrait en faire la plus ancienne preuve de conflits entre deux communautés.

Pour les archéologues et les historiens de la préhistoire, c’est un morceau important du casse-tête: au contraire de l’émergence de l’agriculture préhistorique, qui est assez bien documentée, l’évolution de la violence, armée ou non, l’est beaucoup moins. Lorsqu’apparaît l’écriture, il y a 5000 ans, elle accompagne la naissance des premiers États dotés d’une hiérarchie. Mais à combien de millénaires en arrière faut-il remonter pour voir apparaître les prédécesseurs des premières guerres entre États?

Les 61 squelettes dont il est question ici avaient été exhumés dans les années 1960, sur un site appelé Jebel Sahaba, au nord de ce qui est aujourd’hui le Soudan, près du Nil. Déjà, à l’époque, les nombreuses blessures subies par une vingtaine de ces personnes avaient été attribuées à « une guerre ». Mais un réexamen des os a révélé que ces violences n’étaient pas toutes survenues au même moment. Les chercheurs, sous la direction de la bioarchéologue Isabelle Crevecoeur, de l’Université de Bordeaux, ont identifié une centaine de blessures supplémentaires —os fracturés ou brisés par un projectile— sur une autre vingtaine de ces individus et écrivent, dans la revue Scientific Reports, qu’on est plutôt devant un cas de conflits récurrents ou bien d’escarmouches régulières avec un autre groupe. Par ailleurs, ces blessures se retrouvent aussi bien sur des squelettes d’hommes, de femmes et d’enfants.

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S’agissait-il de groupes de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs en conflit pour les ressources limitées de la région? Ou le groupe enterré à cet endroit pratiquait-il aussi, dès cette époque, un peu d’agriculture, ce qui aurait pu attirer les convoitises des voisins? Il est impossible d’attribuer une cause à ces conflits, mais la simple présence d’un cimetière signifie qu’au moins un groupe avait choisi de rester au même endroit assez longtemps.

 

Photo: Wendorf Archives / British Museum

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