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Si la tendance se maintient, d’ici la fin de 2022, plus de 2 milliards de doses des différents vaccins contre la COVID pourraient avoir été jetées aux poubelles dans la dizaine des pays les plus riches qui n’en auront plus besoin, plutôt que d’être envoyées dans les pays qui en auront encore besoin.

Selon une estimation du British Medical Journal, les États-Unis détiendraient la palme dans ce scénario, avec plus de 1,2 milliard de doses à la fin de 2022. La Grande-Bretagne pourrait devoir jeter 421 millions de doses et le Canada, près de 300 millions.

Il est peu probable qu’on atteigne ces sommets —plus tôt la population de ces pays aura été largement vaccinée, et plus des doses de vaccins qui n’ont pas encore été produites, mais ont été achetées à l’avance, pourront être envoyées directement vers d’autres pays. Mais d’ores et déjà, des doses ont été jetées par millions. À la fin de juillet, les États-Unis rapportaient avoir 26 millions de doses encore inutilisées du vaccin de Pfizer, dont la date d’expiration était en août.

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Au-delà du fait que ces pays ont acheté à l’avance plus de doses qu’ils n’en ont besoin, le principal problème est en effet la date d’expiration: même si tous ces pays décidaient du jour au lendemain d’envoyer toutes leurs réserves actuelles à l’étranger, des millions de doses seront bientôt inutilisables parce qu’elles ont attendu trop longtemps.

En théorie, il serait possible aux compagnies pharmaceutiques de demander une autorisation d’urgence aux autorités de la santé pour continuer d’utiliser un vaccin au-delà de sa date d’expiration. Le reportage du British Medical Journal, paru le 27 août, note qu’en Grande-Bretagne, aucune des compagnies n’a jusqu’ici fait une telle demande.

Il faut noter que la crainte n’est pas qu’un vaccin devienne dangereux une fois passée sa date d’expiration: la crainte est plutôt qu’il soit inefficace. Par exemple, dans le cas des vaccins à ARN, la fragilité des fragments d’ARN est bien connue et il est possible que la nanoparticule de lipides qui les protège ne remplisse plus sa tâche si on attend trop longtemps.

Toutefois, dans l’état actuel des connaissances, il n’existe aucune preuve comme quoi les vaccins actuellement utilisés contre la COVID perdraient de leur efficacité une fois dépassée la date en question. Pour en être sûr, il faut mener des études sur les doses entreposées, appelées « tests de stabilité ». Cela suppose du temps et des efforts, mais c’est crucial pour augmenter l’accès aux vaccins ailleurs dans le monde, réclame Médecins sans frontières.

Ici et là, de telles extensions ont été accordées. À la fin-mai, Santé Canada avait retardé d’un mois la date de péremption des doses du vaccin d’AstraZeneca. Mais depuis, un peu partout au Canada, plusieurs milliers de doses de l’un ou l’autre vaccin ont été jetées.

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