Facebook-emoticone

Un des enjeux derrière la dissémination de fausses nouvelles sur Facebook est l’efficacité des efforts menés par Facebook contre les plus grands propagateurs de fausses nouvelles. À défaut d’être suspendus, voient-ils au moins leur portée diminuer? Une recherche arrive à des résultats mitigés.

Facebook n’étant pas particulièrement réputé pour sa transparence, on sait peu de choses sur l’efficacité de ses propres mesures. Les médias vérificateurs de faits « accrédités », c’est-à-dire ceux dont les avis apparaissent à côté d’un message Facebook qui a été décrété faux ou trompeur, réclament régulièrement des données pour pouvoir mesurer la portée de leur travail. Deux chercheurs français de Sciences Po, à Paris, ont donc tenté de s’appuyer sur les données « d’engagement » des groupes ou des pages Facebook ciblés par cette vérification, en s’attardant tout particulièrement aux groupes ou aux pages qui ont partagé régulièrement de la désinformation en 2019 et 2020.

Résultat: la portée —le nombre de commentaires, de « j’aime » ou de « partage » des messages publiés par ces comptes— a diminué de façon significative après qu’une page Facebook ait été pointée comme ayant partagé au moins deux nouvelles décrétées fausses par l’un des médias accrédités. On parle d’une diminution de la portée de 43% ou de 62%, tout dépendant de la base de données utilisée par les chercheurs (l’une des deux bases de données est celle du site de vérification Science Feedback, dont l’un des deux auteurs de la recherche est le fondateur).

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Étonnamment toutefois, ce résultat encourageant ne s’applique pas aux groupes Facebook (les pages sont publiques, alors que les groupes peuvent être publics ou privés). Certes, à partir de juin 2020, le taux moyen d’engagement par message des groupes qui avaient publié des fausses nouvelles a diminué de moitié, mais en contrepartie, ces groupes ont doublé leur nombre de publications entre 2019 et l’été 2020, le résultat net étant donc positif pour eux. On note que la COVID est centrale à cette analyse: autant les changements de juin 2020 pourraient être liés aux efforts de Facebook —comme des autres plateformes— pour réduire l'énorme quantité de fausses nouvelles sur la pandémie, autant la croissance du nombre de publications peut être le fait de producteurs de fausses nouvelles qui se sont découvert un filon avec la pandémie.

Tout au plus, écrivent les chercheurs, « la politique de Facebook semble être capable de contenir la croissance de désinformation partagée par ces « délinquants récidivistes », plutôt que de la diminuer ».

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