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Associer des événements extrêmes — comme une canicule — au réchauffement climatique ? On semble approcher du moment où il sera possible d’utiliser cette association au quotidien.

C’est depuis longtemps « la » question qui embête le plus les climatologues : tel ouragan, telle inondation, telle canicule, sont-ils causés par le réchauffement climatique ? Puisqu’il y a toujours eu des événements météorologiques extrêmes, et puisqu’une recrudescence peut être le fruit d’une conjoncture particulière — une année El Nino, par exemple —, les experts ont toujours balayé cette question, se contentant de réponses vagues : « nous ne pouvons pas associer un événement unique au réchauffement planétaire, néanmoins, nous pouvons affirmer que de tels événements se produiront plus souvent à l’avenir ».

Sauf qu’après des années à se faire poser cette question, ils approchent peut-être du moment où des modèles informatiques pourront sortir des laboratoires pour avoir un impact auprès du public. Certes, il faudra bien du temps encore pour que ça se rende jusqu’aux bulletins météo, mais il n’y a pas que là que ça pourrait servir, résumait lundi un éditorial de la revue Nature.

L’attribution [d’un événement aux changements climatiques] n’est pas juste pour les médias ou la curiosité du public. Les décideurs politiques, les gestionnaires de risque et les tribunaux devront avoir un outil entre les mains… pour les aider à planifier des infrastructures et, en bout de ligne, évaluer la responsabilité.

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Cet éditorial est lié à une annonce faite le 27 juillet par un consortium international de chercheurs appelé le World Weather Attribution, voué précisément à « analyser et communiquer l’influence possible des changements climatiques sur les événements météorologiques extrêmes ». En juillet, quelques-uns de ces chercheurs se sont penchés sur la série de vagues de chaleur qui ont frappé l’Europe depuis le mois de mai, pour en conclure que le réchauffement planétaire aurait rendu ces canicules deux fois plus probables en certains endroits du continent, voire trois fois plus probables aux Pays-Bas.

En théorie, à mesure que leur modèle se raffinera avec de nouvelles données, c’est ce genre « d’attribution » qu’il devrait devenir possible de faire : telle canicule ou telle inondation est causée dans telle proportion par les changements climatiques. Selon un reportage de la revue Nature, la jeune « science de l’attribution » aurait à présent plus de 170 études révisées par les pairs, assez pour commencer à attirer l’attention des décideurs en quête de données sur l’adaptation future de leurs territoires aux changements climatiques. La ville du Cap, en Afrique du Sud, qui a failli en venir cette année à une situation de pénurie d’eau, serait l’exemple-type d’une administration qui devra tôt ou tard prendre des décisions difficiles — et coûteuses.

L’évaluation qu’ils ont publiée la semaine dernière est pour l’instant basée sur les relevés de sept stations météorologiques à travers l’Europe, dont une aux Pays-Bas. 

La vague de chaleur des dernières semaines a particulièrement impressionné en Scandinavie où des températures de 35 degrés ont été enregistrées au nord comme au sud. La Norvège a connu le mois de mai le plus chaud depuis deux siècles que ces températures sont recensées. En Suède, il n’a pratiquement pas plu de mai à juillet, entraînant des dizaines de feux de forêt, certains au-delà du cercle polaire arctique. Et plus loin au sud, les incendies en Grèce ont fait jusqu’ici près de 100 morts.

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