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Pourra-t-on un jour faire repousser un membre amputé? C’est l’association d’idées qui fait en ce moment le tour du monde avec des grenouilles adultes dont on a fait repousser une patte… un exploit que cette espèce n’est capable de réussir que chez les têtards.

Chez la Xénope lisse (Xenopus laevis), une espèce originaire du sud de l’Afrique, seuls les individus qui sont encore à l’état de larves ou de têtards —ils n’ont pas encore de pattes, mais une queue qui leur sert à nager— peuvent voir leur queue repousser. Les adultes en sont incapables. Une équipe de scientifiques américains a donc tenté de savoir s’il serait possible de stimuler cette capacité chez les adultes: 100 grenouilles à qui une patte avait été amputée ont reçu un cocktail de cinq médicaments pendant 24 heures. Résultat, rapportent-ils le 26 janvier dans la revue Science Advances: il y a effectivement eu repousse après 18 mois.

Mais les bémols à cette recherche sont nombreux: on parle de membres incomplets et pas entièrement fonctionnels. Par ailleurs, cette grenouille diffère de la salamandre, qui est souvent le modèle biologique lorsqu’on parle de faire « repousser » un membre, puisque la salamandre, elle, a bel et bien cette capacité à faire repousser un membre complet.

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La grenouille adulte en question ne peut, en temps normal, faire repousser que ce qu’on appelle un point de chair —l’équivalent d’un talon plutôt qu’une patte— et c’est la raison pour laquelle elle était ciblée: l’objectif était de voir s’il était au moins possible de stimuler cette capacité déjà existante, plutôt que d’en « inventer » une chez un être vivant qui n’en possède pas. Et sur ce plan, on est donc passé d’un simple bout de chair à un membre qui, bien qu’incomplet, possède des os, des muscles, des nerfs et même des débuts d’orteils.

C’est loin d’un espoir pour les amputés humains, mais c’est une importante percée, après des décennies à essayer de comprendre le secret « régénérateur » des salamandres.

Crédits photo: Xenopus laevis / Brian Gratwicke / Wikipedia Commons

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