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En plus des civils tués par les bombes, la guerre en Ukraine va tuer des gens de manière indirecte: la COVID et la tuberculose, entre autres, ont en ce moment un terrain fertile. Et c’est sans compter les impacts, à venir plus tard cette année, des perturbations dans la production de blé et de céréales, dans une région qui est parmi les plus grosses productrices au monde. 

Abris souterrains surpeuplés, train bondés, et ce dans un contexte où les tests de dépistage de la COVID sont évidemment inexistants. Et dans un contexte où, pour ceux qui n’ont pas quitté leur pays, des hôpitaux ont été visés par des bombardements et où l’aide humanitaire a des difficultés à accéder aux zones les plus touchées. « La guerre en Ukraine a des conséquences dévastatrices pour la santé du peuple ukrainien, qui aura des conséquences pendant des années », a déclaré le 17 mars le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus. 

L’OMS gère depuis 2018 un programme appelé Système de surveillance des attaques sur les installations de santé. Entre les 24 février et 28 mars, il a recensé 73 attaques sur des hôpitaux ou des cliniques en Ukraine.

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Rien que sur le front de la COVID, le nombre de cas était en déclin en février, jusqu’à l’invasion russe du 24 février. On n’a aucune idée de la situation depuis, mais il est estimé que seulement 36% de la population aurait reçu deux doses du vaccin.

La situation est également jugée inquiétante du côté de la tuberculose (TB). L’Ukraine avait déjà, avant la guerre, « un haut taux de décès causé par la tuberculose », déclare au Scientific American Lucica Ditiu, directrice du programme Stop TB, chapeauté par l’ONU. Et « il va falloir 10 ans pour reconstruire » tout ce qui a été détruit.

Les pays qui accueillent les réfugiés vont eux aussi avoir besoin d’aide: alors qu’une sixième vague de la COVID frappe plusieurs pays d’Europe, les camps de réfugiés et les lieux d’accueil seront tôt ou tard affectés à leur tour.

Il existe un lien de longue date entre guerres et épidémies, rappelle le Scientific American. Récemment, la guerre civile en Syrie et la crise des réfugiés ont contribué à des éclosions de rougeole. Et au Congo, des attaques contre les installations de santé ont exacerbé des éclosions d’Ebola.

Et comme si ça ne suffisait pas, c’est une crise alimentaire qui apparaît à l’horizon, quand on se rappelle que l’Ukraine et la Russie exportent à elles seules plus du quart du blé mondial (18% pour la Russie, 10% pour l’Ukraine) et des céréales (14% pour la Russie, 12% pour l’Ukraine). Même dans les régions rurales où les agriculteurs peuvent encore semer, il n’est pas sûr que la situation politique permettra d’exporter vers les pays qui en dépendent. Et même si les routes terrestres ou maritimes étaient ouvertes —les ports ukrainiens de la Mer Noire font pour le moment l’objet d’un blocus— le prix du carburant aura un impact à la baisse sur les exportations. Et avant même le prix du carburant, le prix des denrées était en hausse cet hiver, conséquence des perturbations mondiales des chaînes d’approvisionnement.

Le 25 mars, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) estimait que si la guerre avait pour conséquence une « réduction prolongée » des exportations alimentaires russes et ukrainiennes, il faudrait ajouter entre 8 et 13 millions de personnes sous-alimentées sur la planète. C’est une « catastrophe par-dessus une catastrophe », disait le 29 mars David Beasley, le directeur de la FAO, et ça aura un impact sur la santé et l’alimentation se comparant, selon lui, à celui de la Deuxième Guerre mondiale.

Les pénuries alimentaires étaient déjà graves cet hiver en Afrique de l’Est, frappée par trois années de sécheresses. Dans un contexte de changements climatiques, où ces sécheresses ne sont pas une anomalie et où d’autres pénuries alimentaires étaient déjà à prévoir en 2022, ajouter une guerre dans ce qu’on appelle le « grenier de l’Europe » aura des répercussions bien au-delà de l’Europe.

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