ivermectine.jpg

Les promoteurs de l’ivermectine ont toujours prétendu que ce médicament devait être donné tôt après l’infection au coronavirus pour être efficace. Dans la plus importante étude à ce jour, les chercheurs ont effectivement choisi de le donner tôt. Sans résultat: l’ivermectine n’a pas plus diminué le risque d’hospitalisation qu’un placebo.

Ce n’est pas la première fois qu’une étude arrive à cette conclusion mais au début de la pandémie, lorsqu’on avait commencé à entendre parler de ce médicament, il y avait des raisons légitimes de creuser la question. Puisque l’ivermectine est un antiparasite —surtout connu pour son usage chez les chevaux— et puisqu’on se retrouvait devant un nouveau virus contre lequel on n’avait pas de parade, il était normal que les chercheurs testent tout ce qu’ils avaient sous la main.

La nouvelle étude, parue le 30 mars dans le New England Journal of Medicine (NEJM), et qui portait sur 1300 personnes au Brésil, ne réglera manifestement pas la question chez les défenseurs les plus convaincus de l’ivermectine, puisqu’ils n’ont pas tardé à l’attaquer, prétendant faussement qu’il n’y avait pas de groupe placebo.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Il faut toutefois noter que si ces défenseurs avaient des arguments légitimes au début de 2021, c’est moins le cas aujourd’hui. Plusieurs des études arrivant à des résultats qui semblaient favorables se sont révélé être mal conçues ou carrément frauduleuses. L’auteur d’une revue de cette littérature parue en janvier dernier notait que plus on se concentre sur les études les moins susceptibles d’être biaisées, et plus les effets favorables de l’ivermectine disparaissent.

Parallèlement, les défenseurs les plus visibles de ce médicament n’ont pas été, depuis la publication du 30 mars, d’autres chercheurs, mais des groupes à la réputation douteuse, comme le mouvement antivaccin dirigé par le militant américain Robert F. Kennedy, ou les deux animateurs d’une baladodiffusion défendant ce médicament depuis un an. Tous réfèrent régulièrement à un site appelé IVM Meta, dont la réputation est, là aussi, douteuse: d’une part, il est produit anonymement; d’autre part, il prétend compiler les études objectivement sur l’ivermectine suivant qu’elles sont favorables ou défavorables au médicament, mais les critères de sélection sont flous ou incorrects; enfin, IVM Meta fait partie d’un réseau de dizaines de sites, tous aussi anonymes, prétendant eux aussi compiler objectivement les études (notamment sur l’hydroxychloroquine), mais avec des critères tout aussi flous.

Peu importe les intentions derrière, certains semblent avoir trouvé un filon: l’automne dernier, le magazine d’enquête The Intercept avait découvert qu’une firme américaine « de télémédecine » avait récolté des millions de dollars en revenus en vendant des prescriptions pour de l’hydroxychloroquine, de l’ivermectine et quelques autres médicaments censés avoir un effet contre la COVID.

Pendant ce temps, des études cliniques plus sérieuses sur l’ivermectine se poursuivent. En tout, depuis 2020, au moins 60 études sur des humains ont été autorisées, la plupart ayant rendu, depuis, des résultats défavorables. L’une d’entre elles, sous l’aile du National Center for Advancing Translational Sciences, aux États-Unis, est censée publier ses résultats d‘ici l’été.

Je donne