Les interrogations sur la variole du singe ont fait resurgir l’expression « vaccination en anneau ». Une stratégie qui pourrait être appropriée dans les circonstances, mais qui comporte plusieurs zones inconnues.
Devant la montée du nombre de cas (plus de 1500 en date du 13 juin), plusieurs pays ont commencé à vacciner des groupes ciblés, en utilisant le vaccin contre la variole, dont ils gardent des réserves depuis des décennies. Cette campagne limitée de vaccination vise deux cibles: la première, les travailleurs de la santé; la deuxième, les proches des personnes infectées dans l’espoir d’empêcher le virus de se propager —c’est le concept de « l’anneau » qui « enferme » le virus (en anglais, ring vaccination).
Le premier problème avec cette stratégie est qu’on connaît peu de choses sur l’efficacité du vaccin contre la variole du singe. On présume que jadis, à l’époque de la campagne mondiale de vaccination contre la variole, le vaccin s’est révélé en même temps efficace contre la variole du singe. Mais depuis, comme la variole du singe a bénéficié de peu d’attention —entre autres parce qu’il s’agit d’une maladie « limitée » au continent africain— on a accumulé peu de données là-dessus.
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Le second problème est que pour réussir à créer un « anneau » efficace, il faut une politique de traçage des contacts rigoureuse. Pour l’instant, les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ont tous deux annoncé une stratégie de vaccination en anneau, n’ont pas donné signe qu’ils avaient implanté une telle stratégie de traçage. Et plus on attend, plus il y a le risque que le virus se soit tellement répandu qu’il devient illusoire d’essayer de rattraper tous les contacts. « Il existe une petite fenêtre d’opportunité pour empêcher le virus de s’implanter de façon permanente dans les populations humaines ou animales », résume la revue Nature.
Bien que la variole du singe soit beaucoup moins inquiétante que la COVID —moins contagieuse et, jusqu’ici, pas de décès en dehors du continent africain— il existe néanmoins le risque qu’elle devienne carrément endémique en Europe et en Amérique, comme elle l’est déjà dans 11 pays africains —un risque qu’évoquait dès le 23 mai le Centre européen de prévention des maladies. Il est possible qu’à un moment donné, la vaccination en anneau soit remplacée par des stratégies d’isolement. Et dans tous les cas, si ça dure, il va falloir miser sur l’éducation populaire.
Image: Culture du virus vue au microscope électronique et coloriée artificiellement / NIAID / Wikipedia Commons