Jeune élève noire assise à son bureau en train d'écrire

Un tiers d’année scolaire: c’est l’équivalent de ce que les élèves de 15 pays auraient perdu, en moyenne, pendant les deux premières années de la pandémie.

Trois chercheurs britanniques arrivent à ce constat après avoir passé en revue 42 études parues entre mars 2020 et août 2022 dans ces 15 pays, études consacrées à l’impact de la pandémie sur la performance scolaire. Leur article est paru le 30 janvier dans Nature Human Behaviour.

Et il semble se confirmer ce que plusieurs observateurs avaient noté dès 2020: les déficits d’apprentissage sont plus élevés dans les milieux plus pauvres, qui ont moins accès à la technologie ou à une connexion Internet fiable —pour l’école à distance— ou à un lieu tranquille pour étudier.

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Étant donné que les 15 pays en question sont des pays à revenus élevés ou « moyens », il est possible que les impacts soient plus forts dans les pays plus pauvres. Déjà, ces études montrent des déficits d’apprentissage plus grands dans les pays à revenus moyens que dans ceux de la tranche supérieure, en particulier l’Australie, le Danemark et la Suède. L’UNICEF estime que ce sont 1,6 milliard d’enfants, à travers le monde, qui ont perdu « un temps significatif » d’école au plus fort de la pandémie.

Les retards seraient plus élevés en mathématiques qu’en lecture —une observation qui avait aussi émergé des différentes évaluations parues en 2021 et 2022.

Les études parlent en général de l’impact de la pandémie, et non spécifiquement de l’impact des fermetures d’école: d’une part, la pandémie a aussi entraîné des pertes d’emplois, facteur générateur de stress dans les familles et d’autre part, les milieux défavorisés ont été beaucoup plus touchés que les autres par le virus.

L’importante question que pose ce constat est si et comment ces retards seront rattrapés. Plusieurs des 42 études suggèrent que ces retards, surtout inhérents à la première année de la pandémie, n’avaient toujours pas été comblés à la fin de l’année scolaire 2021-2022. L’un des co-auteurs, Bastian Betthäuser, du Centre de recherche sur les inégalités sociales à l’Institut Sciences Po de Paris, recommande aux gouvernements d’investir dans des programmes d’été intensifs et du tutorat ciblé vers les groupes les plus à risque.

Le retard scolaire est une chose: sentir que ce retard ne sera pas comblé est à même de décourager plusieurs élèves et d’inciter au décrochage.

Sans des interventions « agressives », renchérit le chercheur en politiques de l’éducation Thomas Kane, de l’Université Harvard, « les pertes d’apprentissage seront l’héritage de plus longue durée de la pandémie ». Concrètement, ça pourrait se traduire par un plus grand nombre de jeunes qui ne finiront pas leurs études, avec des conséquences dans leur vie adulte sur leur parcours professionnel et leurs revenus.

 

Photo: Labpluto123 / Wikipedia Commons / CC 3.0

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