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Si tout le monde s’entend sur le fait qu’il ne sera pas possible de protéger toutes les espèces menacées, il est bien difficile de déterminer lesquelles devraient être protégées en priorité. Des biologistes britanniques proposent une méthode presque mathématique, qui tient compte du niveau de menace qui pèse non seulement sur une espèce, mais sur ses plus proches cousins.

D’après eux, les trois espèces de mammifères à protéger en priorité seraient donc l’Aye-aye de Madagascar, l’opossum nain des montagnes d’Australie, et le phalanger de Leadbeater, un autre opossum d’Australie.

La méthode, qu’avait proposée dès 2007 une équipe de la Société zoologique de Londres, s’appelle EDGE (Evolutionarily distinct and globally endangered). Elle part du principe que la biodiversité, et plus globalement la planète, perd davantage lorsque disparaît une espèce qui n’a aucun proche parent dans le grand arbre généalogique de la vie.

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Leur méthode rencontre toutefois deux obstacles auprès du public: le premier est qu’un animal très connu comme le tigre, parce qu’il a de proches cousins parmi les grands félins, figure moins haut dans leur liste des priorités. Et ce, même s’il est un animal très charismatique… ce qui est le second obstacle. Les « beaux » animaux ayant en effet un peu trop tendance à être privilégiés par les défenseurs de la biodiversité. De ce fait, il n’est pas évident que l’Aye-aye, avec ses gros yeux et son comportement agressif, suscitera autant d’émoi que le chevreuil du parc le plus proche.

À l’inverse, les défenseurs du protocole EDGE se targuent d’avoir attiré les projecteurs en 2018 sur des espèces méconnues de reptiles et, en 2011, sur les espèces gravitant autour des coraux.

Leur nouvelle mise à jour est parue le 28 février dans la revue PLoS Biology. Sur les 100 espèces qui se retrouvent au sommet de la liste, 97 étaient déjà dans la version précédente, quoique l’ordre de plusieurs ait changé. Cette mise à jour est avant tout le résultat d’une révision des calculs visant à répondre au principal reproche fait depuis ses débuts à la méthode EDGE: elle doit inévitablement s’appuyer sur des informations incomplètes, puisque plus une espèce est rare, moins on a d’indicateurs pour mesurer son déclin.

Si la méthode ne fait pas l’unanimité, elle est du moins ce qui se rapproche le plus d’un effort mondial pour décider objectivement des espèces à sauver en priorité, avant que le taux de disparition ne s’accélère.

 

Photo: Un Aye-aye de Madagascar. Nomis Simon / Wikipedia Commons / CC 2.0

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