secheresse-Maroc.jpg

Les sécheresses plus intenses, comme celle qu’a vécu l’Europe en 2022, pourraient être plus fréquentes, notamment sur ce continent.

Appelées en anglais « flash drought », ces sécheresses sont dites « plus intenses » parce qu’elles commencent et s’intensifient en l’espace de quelques semaines: un tel événement dure en moyenne entre 30 et 45 jours, tandis qu’une sécheresse plus « lente » peut mettre des mois à prendre forme. Mais même les « courtes » ont ensuite des conséquences sur des écosystèmes entiers, sans parler de l’agriculture, pendant une plus longue période.

Or, les trois quarts des continents ont observé une augmentation de ces sécheresses intenses depuis 60 ans, selon une recherche publiée le 13 avril dans la revue Science par une équipe de l’Université de Nanjing, en Chine. Les chercheurs se sont concentrés sur les épisodes de sécheresse d’au moins 20 jours, afin d'exclure les périodes sans précipitations qui auraient pu être trop courtes pour provoquer des dommages notables.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Logiquement, la hausse de la température moyenne de la planète est en cause : un air plus chaud fait s’évaporer l’eau du sol plus vite, amenant un état de sécheresse plus vite.

Le modèle publié par les chercheurs ne permet pas de se projeter dans l’avenir pour prédire à quelle vitesse la situation va continuer d’évoluer. Il est également difficile d’obtenir un modèle global, tant la topographie, la végétation et le type de sol peuvent faire varier les prédictions d’un endroit à l’autre. Mais ils identifient des zones plus à risque que d’autres, et l’Europe est l’une d’elles, avec l’Australie et l’Asie de l’Est.

On note aussi que les technologies actuellement en place, destinées à alerter les agriculteurs et les autorités locales quant aux risques de sécheresses —et au besoin de faire des réserves d’eau— ont été pensées pour des sécheresses qui mettaient des mois à se mettre en place, et non des semaines.

Le 20 mars dernier, un rapport de la Commission européenne sur l’état des précipitations au cours du dernier hiver alertait justement sur les risques d’une sécheresse émergente. Les chutes de neige sur les montagnes du sud et de l’ouest ont été très faibles par rapport à la moyenne des dernières décennies, et même plus faibles que celles de l’hiver 2021-2022, un hiver qui avait justement été suivi d’une sécheresse intense. Moins de neige signifie moins de fonte au printemps, donc moins d’eau dans les rivières et les lacs dans les prochains mois. Déjà, lisait-on dans ce rapport, le niveau d’humidité du sol et le débit des rivières, en mars, étaient inférieurs à ce que l’on se serait attendu à ce moment-ci de l’année.

 

Photo: Sécheresse au Maroc, 2015 / Pierre Banoon / CC 3.0 

Je donne