Depuis aussi longtemps qu’on observe les comportements agressifs de nos cousins primates, la cause semble entendue: notre propre agressivité, voire notre propension à faire la guerre, seraient « naturelles ». Pas si vite, rétorquent aujourd’hui des biologistes du comportement.
Certes, il y a déjà des années que le comportement plus « pacifique » des bonobos, les plus proches cousins des chimpanzés et de nous-même, suscite l’étonnement. L’agressivité semble beaucoup plus contenue dans leurs sociétés —même si elle n’est pas absente— et les conflits sont souvent résolus par les relations sexuelles. Mais les bonobos sont-ils une simple anomalie dans le grand arbre de l’évolution des primates?
Ces chercheurs en biologie comportementale ont donc tenté de reconstituer les caractéristiques du comportement du dernier ancêtre commun au chimpanzé, au bonobo et à l’humain, et ils suggèrent plutôt que cet ancêtre commun n’était pas particulièrement violent. Il aurait pu s’agir d’un singe chez qui les femelles coopéraient pour tempérer la violence des mâles., ce qui obligeait en retour les mâles à coopérer eux aussi entre eux.
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Leur recherche ouvre évidemment la porte au débat, reconnaissent-ils: ils ne peuvent pas démontrer ce qu’étaient ces comportements, ils peuvent tout au plus spéculer sur des origines communes. Mais l’incitatif pour cette recherche, expliquent-ils, a été que trop longtemps, on a basé la prémisse de « l’agressivité naturelle » de l’humain sur la seule observation des comportements agressifs du chimpanzé. De leur côté, ils ont plutôt choisi de rassembler des données d’observations sur 13 traits de caractères chez 301 espèces de primates, depuis l’infanticide jusqu’aux alliances entre mâles en passant par le meurtre.
Une des choses qui se dégage de ces points communs et de ces divergences est cet aspect de coopération. Chez certaines espèces, dont le chimpanzé, seule les femelles quittent le groupe à l’âge adulte. Une caractéristique qui peut augmenter les risques de violence dans un groupe, entre les mâles dominants. À l’inverse, les groupes qui s’échangent autant des mâles que des femelles sont plus enclins à développer des modes de coopération pour leur propre survie —et pour celle des groupes des environs.