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En matière d’aide aux pays pauvres pour leur adaptation aux changements climatiques, les pays riches sont encore loin du compte. Non seulement la cible promise n’est pas atteinte, mais même cette cible est en dessous de ce qui sera nécessaire. 

La promesse en question, qui remonte à la conférence de Glasgow sur le climat en 2021, était d’atteindre 40 milliards$ US par an en 2025. Or, l’an dernier, on était plutôt à 21 milliards$, en baisse de 15% par rapport à l’année précédente. Ces chiffres proviennent du rapport annuel sur les coûts de l’adaptation, publié cette semaine par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

On y lit aussi que les besoins des pays en voie de développement se situeraient à présent entre 215 milliards$ et 387 milliards$ par an, rien que pour se préparer à ce qui nous attend —adaptation aux inondations, aux canicules, aux tempêtes ou aux incendies. La marche est donc haute, a insisté la directrice du PNUE en introduction du rapport: « l’intensification de ces impacts nous dit que le monde doit d’urgence réduire les émissions de gaz à effet de serre et qu’il doit augmenter ses efforts d’adaptation pour protéger les populations vulnérables. Rien de tout cela ne se produit. »  

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Le rapport en question, qui est né de ces promesses des pays riches faites au cours des deux dernières décennies, a pour mission d’analyser les progrès en matière de financement et d’implantation des actions —de la construction de barrières anti-inondations jusqu’à l’implantation de systèmes de climatisation pour résister aux canicules en passant par la création de parcs ou de boisés pour absorber davantage de précipitations, ou des systèmes d’alerte à l’approche de tempêtes. Plus l’écart entre les besoins et le financement s’élargit, ce qui semble être le cas en ce moment, plus certains pays vont se retrouver avec une facture élevée pour les inévitables dégâts des prochains événements météorologiques extrêmes. 

On lit ainsi dans le rapport que les 55 pays dont les économies sont jugées les plus « climatiquement vulnérables », ont subi des pertes et des dommages de plus de 500 milliards$ dans les 20 dernières années. 

L’objectif de ce rapport est aussi d’alimenter les discussions sur ce sujet lors de la conférence annuelle sur le climat (COP28), qui s’ouvre à la fin du mois.

La question du financement de l’adaptation s’inscrit par ailleurs dans un autre débat de nature économique, celui des « pertes et préjudices » —c’est-à-dire quel niveau de responsabilité, et par conséquent quel financement, devrait être attribué aux pays riches lors des futures pertes causées par des désastres naturels. L’an dernier, un front commun de 58 pays (le « Forum de la vulnérabilité climatique ») avait permis de forcer l’ajout de ce débat à l’ordre du jour de la conférence sur le climat. C’était une première, mais les résultats avaient été mitigés: les délégués des 200 pays s’étaient quittés sur une entente pour créer un fonds spécialement dédié aux « pertes et préjudices ». Mais tout restait à définir dans les modalités: qui va payer, combien, et à qui

Les défenseurs de l’idée avaient toutefois eu le sentiment d’avoir avancé: le terme « pertes et préjudices » remontait, après tout, à 2007, lors de la COP13. Depuis, alors que les autres concepts —dont le financement de l’adaptation— avaient été pleinement acceptés, celui-là était demeuré dans les limbes. Il était pourtant devenu l’un des trois piliers de l’Accord de Paris en 2015 avec « adaptation » et « atténuation » (en anglais, mitigation). Mais les risques juridiques que pose une reconnaissance de responsabilité avaient continué de freiner les pays les plus riches.

Et les freinent peut-être encore: le mois dernier, les dernières informations qui filtraient sur les négociations en cours en vue de la COP28 faisaient état d’un « blocage » sur la question de l’organisme qui serait responsable de la gestion de ce fonds sur les pertes et dommages. Samedi soir, 4 novembre, la dernière réunion du comité avant la COP28 s'achevait par un accord provisoire sur l'organisme en question, la Banque mondiale, malgré les réticences des pays en voie de développement qui le jugeaient jusque-là inadapté à leurs besoins. De plus, selon le délégué égyptien cité par l'Agence France-Presse, l'accord resterait encore vague sur les sources de financement de ce fonds et l'ampleur que celui-ci aura. En revanche, il semble clair que, sous la pression des États-Unis, les contributions des pays riches à ce fonds seront sur une base volontaire. Le débat semble avoir « laissé tout le monde insatisfait », résume le média spécialisé E&E News (Environment and Energy). Le tout devra être approuvé à la COP28. 

 

Ce texte a été modifié le 5 novembre avec l'ajout, dans le dernier paragraphe, de l'accord provisoire.
Ce texte a été modifié le 6 novembre avec l'ajout des contributions volontaires dans le dernier paragraphe.

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