Filet de pêche

Une analyse d’images satellites révèle que les navires de pêche qui ne s’enregistrent pas et travaillent en catimini sont plus nombreux que ceux qui participent à une pêche « officielle ». Jusqu’aux trois quarts des navires industriels de pêche de la planète ne seraient pas enregistrés.

Normalement, un navire doit diffuser sa position par un système d’identification automatique. Il est ainsi possible de savoir où il est allé et pendant combien de temps. Les premières ententes internationales à cet effet avaient pour but d’éviter les collisions en mer, des considérations économiques et environnementales s’y sont par la suite ajoutées: savoir qui pêche, où et quand, et contrôler les zones maritimes des différents pays. 

Or, si on se doute depuis longtemps qu’un grand nombre de navires n’activent pas leurs émetteurs, la nouvelle étude donne une ampleur inédite au phénomène. Selon cette carte mondiale de la circulation des grands navires, dressée avec l’aide de l’intelligence artificielle pour l’analyse de milliers de photos satellites et des données GPS, ce sont entre 72 et 76% des navires de pêche industriels qui ne sont pas suivis à la trace —avec pour résultat que les études des dernières années sur la surpêche manquent cruellement de données. 

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Les chercheurs de trois universités américaines et du groupe Global Fishing Watch se sont concentrés uniquement sur les navires « industriels », parce que la résolution des photos ne permet pas de voir des navires de moins de 15 à 20 mètres de long.  

Carte des navires non enregistrés, Global Fishing Watch

L’analyse, qui couvre la période 2017-2021, est parue le 3 janvier dans la revue Nature

La majorité de ces navires fantômes, ou « sombres » suivant l’expression des chercheurs (dark vessels), naviguent autour de l’Asie du sud et de l’Afrique. Par exemple, dans les « zones économiques exclusives » de l’Inde et de la Malaisie, c’est 96 % de la pêche industrielle qui opérait, pendant la période étudiée, sans signaler sa position. On trouve aussi de ces navires « sombres » dans la Méditerranée, distribués à parts égales des côtés européens et africains.

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