Phoenix-nuit

Lorsqu’on s’inquiète de l’augmentation future des décès causés par des canicules plus fréquentes, on évoque généralement le Moyen-Orient. Mais plus rarement les États-Unis. Or, la ville de Phoenix, en Arizona, a recensé 645 décès l’an dernier causés par la chaleur, une augmentation constante depuis 10 ans.

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On ne comptait en effet « que » 61 décès à cause de la chaleur en 2014 et 84 en 2015, révèlent les statistiques du département de la santé publique du comté de Maricopa, qui englobe Phoenix et sa proche banlieue (4,5 millions d’habitants). Les chiffres ont continué de croître chaque année, jusqu’à atteindre 425 en 2022 et 645 l’an dernier. 

Prés de la moitié de ces dernières victimes, soit 290, étaient des sans-abris. Ça en fait depuis 2022 la deuxième cause de décès chez les sans-abris (23%), après les surdoses. 

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Par ailleurs, sur 156 décès survenus à l’intérieur, tous l’étaient dans des lieux non climatisés (parce qu’il n’y avait pas de climatisation ou parce que celle-ci était en panne).

Phoenix a été construite en plein désert de l’Arizona, et elle en paye aujourd’hui le prix: elle est une des deux villes des États-Unis, avec Miami, où les températures annuelles moyennes sont les plus élevées. La troisième place revient à sa banlieue, Mesa. Par contre, si on ne calcule que le nombre de journées de chaleurs extrêmes, Phoenix prend la première place, avec plus de 100 jours l'an dernier « dans les 100 Fahrenheit » (plus de 37 degrés).

L’été dernier, Phoenix a même compté 31 journées d’affilée où les températures ont dépassé, pendant au moins quelques heures, les 43 degrés Celsius (110 Fahrenheit). 

La ville connaît par ailleurs depuis quelques années une crise de l’itinérance, avec deux fois plus de sans-abris depuis 2017, selon le comté de Maricopa. Un « village » de tentes comptait près de 1000 personnes en 2022, jusqu’à ce que deux tribunaux imposent à la ville de mieux protéger cette population. 

Le magazine Politico, qui note que la ville va investir cette année 2 millions$ de fonds fédéraux destinés à l’origine à l’adaptation à la pandémie, dans le but d’ouvrir des lieux publics climatisés, ajoute qu’il s’agit du « premier investissement fédéral significatif pour protéger les gens de la canicule dans la ville la plus chaude des États-Unis ». La somme est gérée par une agence municipale créée en 2021 (Office of Heat Response and Mitigation), dirigée par le professeur en sciences environnementales de l’Université d’État de l’Arizona, David Hondula. 

Interrogé par Politico sur cette réaction tardive, un responsable local se défend en alléguant qu’il s’agit d’une situation nouvelle pour eux, par rapport aux États plus froids du Nord-Est où, depuis toujours, des églises et des organismes communautaires ont l’habitude de se mobiliser chaque hiver et de recevoir des fonds pour accueillir des sans-abris par temps froid. 

L’été dernier, le comté de Maricopa comptait 117 de ces lieux d’accueil climatisés (bibliothèques, centres communautaires, etc.), mais aucun n’était ouvert toute la nuit, en dépit de températures qui, à certains moments, ne descendaient pas sous les 30 degrés. Peu de ces lieux étaient ouverts les dimanches. Et la plupart refusaient les chiens et les chats. 

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