La grippe et les virus respiratoires réapparaissent d’ordinaire en hiver. Mais depuis le début de la pandémie, le coronavirus appelé SRAS-CoV-2 vit ses « heures de pointe » en été, en plus de l’hiver. Après cinq étés, a-t-on compris pourquoi?
À lire également
Ces derniers mois en effet, autant la France pendant les Olympiques, que le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni, ont vu la courbe des cas confirmés repartir à la hausse. Bien qu’on soit loin des sommets de 2020 et 2021, cette croissance n’en est pas moins l’inverse de ce à quoi on se serait attendu : un virus respiratoire a, statistiquement, plus de chances de se propager quand davantage de gens sont dans des lieux clos, ce qui se produit plus souvent quand les journées deviennent plus froides.
Il semble qu’un facteur dominant serait la rapidité avec laquelle de nouvelles mutations du virus continuent d’apparaître, prévenait l’Organisation mondiale de la santé au début du mois. Notre système immunitaire ne les identifierait pas nécessairement comme le virus qu’il connaît déjà, et n’activerait donc pas les bons anticorps. Cela pourrait expliquer que le virus continue de circuler autant —mais ça n’explique pas le facteur estival.
Abonnez-vous à notre infolettre!
Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!
Certes, les autres virus subissent aussi des mutations. N’importe quel virus subit des mutations. Mais pas au même rythme, explique dans le New Scientist le professeur de santé publique Andy Pekosz, de l’École de médecine Johns Hopkins, au Maryland. « Il faut souvent quelques années à des mutations de la grippe capables d’échapper à nos immunités, pour s’accumuler… Mais avec la COVID, ça semble se produire plus d’une fois dans la même année. » Avec pour résultat que les autres virus respiratoires continuent peut-être, en été, de circuler autant que le SRAS-CoV-2, mais ils passent loin des écrans radar parce que leur plus faible taux de mutations, ou bien leurs mutations plus « bénignes », permettent à nos systèmes immunitaires de s’en charger.
Est-ce à dire que ces « pics » estivaux sont là pour rester? Les experts interrogés à ce sujet par le New Scientist sont « unanimes » à dire qu’on ne connaît pas ce virus depuis suffisamment longtemps pour se prononcer. Il est possible qu’avec les années, la tendance aille de plus en plus vers des éclosions plus typiques, c’est-à-dire uniquement en hiver. Mais personne n’est en mesure de dire dans combien de temps.
En théorie, se refaire vacciner chaque année, comme les médecins le recommandent aux personnes plus vulnérables contre la grippe, pourrait accélérer la disparition de ces « pics » estivaux. Le problème est que les nouvelles versions des vaccins arrivent généralement en retard : ceux de ce printemps ont été développés en fonction de variants de 2023, ce qui pourrait les rendre moins efficaces —donnant du même coup des chances statistiques au virus de continuer de se répandre à grande échelle.