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Dans les 12 derniers mois, quelques centaines de médias de plusieurs pays, incluant tout particulièrement des vérificateurs de faits, ont reçu plusieurs fois par semaine des courriels d’inconnus leur demandant de vérifier des images ou des vidéos qu’ils affirment avoir trouvées en ligne. Une enquête confirme que ces soi-disant « citoyens concernés » sont des trolls russes.

Les courriels —chez Science-Presse aussi, nous en recevons régulièrement— ont toujours le même format : une ou quelques courtes phrases de sollicitation —« pourriez-vous vérifier ça », ou « hey, check this »— suivies d’un ou quelques hyperliens, conduisant souvent vers une chaîne du réseau social Telegram.

Or, une enquête du site finlandais de vérification des faits CheckFirst révèle qu’il s’agit d’une action coordonnée pour « semer la confusion en inondant ces organisations de fausses histoires, spécialement autour des événements internationaux majeurs » et pour tenter de leur faire perdre du temps. CheckFirst a baptisé cette opération « Overload » (surcharge). 

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Une première version de l’enquête était parue le 3 juin. CheckFirst vient d’en publier une seconde version après avoir mis la main sur une base de données de quelque 245 adresses courriels qui ont été ciblées. Pour les huit premiers mois de 2024, cela représenterait 71 000 courriels envoyés. 

Parmi les sujets de prédilection : la guerre en Ukraine, à travers des thématiques favorisant systématiquement le point de vue de Moscou, le dénigrement des Jeux olympiques de Paris cet été et, particulièrement depuis le mois d’août, les élections présidentielles américaines. 

Quatre pays étaient plus souvent ciblés selon le rapport de juin: l’Ukraine, la France, l’Allemagne et l’Italie. Mais les Etats-Unis semblent, depuis août, avoir été ajoutés à la liste, avec une croissance du nombre de messages dénigrant la vice-présidente Kamala Harris. La collecte de données de CheckFirst s’arrête au 1er septembre. 

Dans un reportage publié au début de septembre, le magazine indien The Quint calculait avoir reçu 317 de ces courriels, rien qu’entre avril et juillet.  

Le travail dans l’ombre de ces désinformateurs ne réside pas seulement dans l’envoi de ces courriels : les photos de graffitis qu’ils demandent de vérifier, les captures d’écran qui comportent souvent un logo d’un grand média ou les vidéos, sont presque toujours des fabrications : tout ce matériel est créé par ces mêmes désinformateurs, « dans le but de détourner des ressources journalistiques, ou même d’amplifier ces narratifs en amenant les vérificateurs de faits à publier une réfutation ». Les désinformateurs créent ainsi  « une réalité alternative, en proclamant par exemple que les faux graffitis deviennent viraux sur X » ou en affirmant que tel média crédible en a parlé. Cette technique dite « d’amalgame de contenus » vise à créer l’illusion que ces faux ont largement circulé.

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