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Depuis janvier, nous n’avons jamais vu autant de graphiques sur l’évolution d’une épidémie. Mais les graphiques les plus souvent reproduits dans les médias ou sur les réseaux sociaux, fournissent-ils un bon éclairage? Le Détecteur de rumeurs suggère au lecteur de rechercher 4 informations essentielles pour mieux comprendre le problème.


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L’image qui revient le plus souvent dans les médias est celle de l’évolution du nombre de cas de coronavirus, dans un pays ou dans plusieurs, comme le fait le graphique du Financial Times ci-haut, remis à jour quotidiennement. Cela permet de comparer les pays entre eux, mais c’est une information incomplète.  

 

1) S’attarder au nombre de décès ou d’hospitalisations plutôt qu’au nombre de cas 

Le nombre de décès est plus révélateur que le nombre de cas, parce qu’un nombre indéterminé de cas ont échappé au dépistage. En outre, le rythme de dépistage et la sélection des groupes testés varie d’un pays à l’autre et d’un territoire à l’autre. 

Le Financial Times publie à ce sujet une série de tableaux portant sur la progression du nombre de décès dans plusieurs pays, à partir du jour du 3e décès comptabilisé dans ce pays.

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Le nombre d’hospitalisations est lui aussi un meilleur indicateur que le nombre de cas pour mesurer l’étendue réelle de l’épidémie dans un pays. Car la crainte principale des gouvernements est que le nombre de cas nécessitant une hospitalisation dépasse la capacité du système hospitalier. C’est ce qui est arrivé en mars dans le Nord de l’Italie, puis ailleurs. 

 

2) Chercher les graphiques qui commencent au moment où l’épidémie a explosé

Il faut remarquer que la plupart de ces graphiques ne partent pas du « jour zéro », soit celui où on a détecté le premier cas dans un pays. Quand leur objectif est de comparer l’évolution de l’épidémie dans plusieurs pays, ils commencent plutôt au moment du premier décès, ou du 3e (ou même au moment du 100e décès, pour certains). Le rythme de progression entre pays devient alors plus clairement comparable.

 

3) Les données par million d’habitants sont plus pertinentes

Quand on regarde les chiffres bruts, certains pays peuvent sembler moins touchés. Mais la Suède, la Suisse ou la Belgique, compte tenu de leurs populations relativement faibles, peuvent être dans une situation plus alarmante qu’un pays plus peuplé, même avec un nombre de décès moins élevé. Il faut donc chercher de préférence des données « per capita »

Sans compter que dans des graphiques fondés sur les chiffres bruts, les pays avec peu de population, et donc avec beaucoup moins de décès, auront tendance à être « écrasés » par des pays dans lesquels les cas, les hospitalisations ou les décès, sont au plafond, comme la Chine, les États-Unis, l’Italie, ou l’Espagne.

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4) À quels intervalles le nombre double-t-il ? 

L’information la plus significative —et parfois la plus inquiétante— pour tous les pays qui se trouvent encore sur la pente ascendante de la courbe, c’est le « temps de doublement » du nombre d’hospitalisations ou de décès. Autrement dit, le nombre d’hospitalisations ou de décès double-t-il tous les 2 jours, tous les 3 jours, toutes les semaines? 

Au début du mois d’avril, le temps de doublement des décès avait été abaissé jusqu’à 49 jours en Chine, 17 jours en Corée du Sud, et 10 jours en Italie, ce qui confirmait que ce pays était en phase de ralentissement de l’épidémie. En comparaison, en date du 1er avril, les États-Unis voyaient leur nombre de cas doubler tous les 2 à 3 jours, indiquait le site Our World in Data (OWD).

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Notons que la plupart de ces graphiques utilisent une échelle logarithmique : cela signifie que, sur l’axe vertical, les données augmentent de plus en plus vite (par exemple, ci-haut: 100, 1000, 10 000). Cela fait en sorte qu’une croissance « exponentielle » (un nombre de décès qui double à tous les deux ou trois jours par exemple), y apparaît presque comme une droite. Quand la courbe s’aplatit, c’est que l’on commence à mieux contrôler l’épidémie.

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