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Alors que les femmes sont de plus en plus scolarisées et percent lentement le fameux plafond de verre, l’équité salariale n’est toujours pas gagnée entre les sexes. Certes, la rémunération des femmes a fait des gains importants depuis les années 1980 au Canada, passant de 77 à 88 cents pour chaque dollar gagné par les hommes, mais il reste encore du chemin à parcourir. Le Détecteur de rumeurs s’est penché sur la question.


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1) Lorsque des métiers ont commencé à se féminiser, les salaires ont baissé

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Entre 1950 et 2000, les femmes ont pris d’assaut le marché du travail, investissant certains métiers jusqu’alors occupés par les hommes. Le résultat, révélé par les statistiques du Bureau américain du recensement : parce que les femmes ont été généralement moins bien payées que les hommes, le salaire moyen de ces métiers a décliné avec les années.

Toutefois, même dans les métiers où, avec le temps, cet écart salarial s’est atténué, d’autres facteurs ont contribué à le maintenir, comme le nombre d’heures travaillées et la conciliation travail-famille.

Cette différence des salaires s’observe également dans les métiers qui étaient jadis dits féminins. Autrement dit, les hommes, à leur entrée dans ces métiers, gagnaient tout de suite plus que les femmes.

2) Les emplois qui sont restés féminins payent moins

Mais il existe aussi une ségrégation des métiers, qui est d’ailleurs devenue la cause la plus importante de disparité salariale entre les sexes selon une étude de l’Université Cornell parue en 2016.

En effet, malgré l’arrivée des femmes dans certains métiers traditionnellement masculins, plusieurs emplois restent encore le bastion des femmes : éducation à la petite enfance, restauration, commerce, soins aux personnes âgées, etc. Et comme ces métiers sont traditionnellement moins bien payés, ils contribuent à faire baisser la moyenne générale des salaires des femmes.

« Souvent, les compétences nécessaires pour occuper ces emplois ne sont pas reconnues parce qu’elles sont considérées comme innées chez les femmes, par exemple l’empathie ou la minutie », estime Stéphane Moulin, professeur de sociologie à l’Université de Montréal. Ces métiers tendent alors à être sous-évalués et donc, moins bien rémunérés.

3) Les hommes sont majoritairement ceux qui font des semaines de plus de 50 heures

Les longues semaines de travail semblent être l’apanage des hommes. En effet, parmi les travailleurs et travailleuses qui accomplissent plus de 50 heures de boulot chaque semaine, 70 % sont des hommes. Généralement, les entreprises récompensent ces travailleurs acharnés en haussant leur salaire et en offrant des promotions, contribuant ainsi à l’écart avec les femmes.

4) La pénalité à la maternité

Bien que la société ait fait de gros progrès depuis les années 1950 dans la reconnaissance de la conciliation travail-famille et dans l’institution de congés parentaux, les femmes continuent d’être désavantagées lorsque vient le temps de fonder une famille.

La chercheuse Michelle J. Budig de l’Université du Massachusetts a d’ailleurs conclu que les femmes qui retournent sur le marché du travail après avoir eu un enfant font face à une pénalité salariale de 4 % par enfant qui ne pourrait apparemment pas être expliquée par d’autres facteurs.

Plus encore, une étude danoise menée sur plus de 30 ans a démontré l’impact majeur des enfants sur la carrière des femmes. Alors que celles sans enfants voyaient leur salaire augmenter sensiblement au même rythme que leurs collègues masculins, les mères de famille tiraient de l’arrière : leur salaire diminuait de 30 % dès leur premier enfant et elles n’arrivaient jamais à combler l’écart plusieurs années après leur retour au travail.

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Une situation que confirme Stéphane Moulin : « quand les femmes atteignent la trentaine, on voit des risques de chômage plus élevé chez les femmes et des difficultés à retrouver un poste ou un emploi équivalent », note-t-il.

Au Québec, le congé parental instauré en 2006 remplit-il sa mission d’impliquer les pères dans l’éducation des enfants, permettant aux femmes de se libérer des contraintes familiales ? « Les entreprises commencent à reconnaître que les hommes sont aussi des pères », constate Diane-Gabrielle Tremblay, professeur au département économie et gestion de la Télé-Université (TÉLUQ). « Les hommes ont bien progressé au Québec, mais beaucoup de femmes considèrent encore les difficultés liées à la conciliation travail-famille, au moment de choisir leur métier et leur mode d’exercice ».

5) Demander une augmentation : encore faut-il qu’elle soit acceptée !

Les femmes semblent avoir gagné en confiance et elles demanderaient maintenant des augmentations aussi souvent que leurs collègues masculins. Toutefois, en début de carrière, les femmes qui manifestent leur intérêt de grimper les échelons ont 18 % moins de chance d’être promues que les hommes, selon l’enquête américaine Women in the Workplace 2017. L’hypothèse la plus fréquemment admise est que cela coïncide avec le moment où elles désirent fonder une famille et les employeurs craignent qu’elles soient moins disponibles pour l’entreprise.

Selon cette même enquête, si les deux sexes obtenaient leurs promotions au même rythme, il y aurait deux fois plus de femmes qui occuperaient des postes de haute direction. « Il faut rapidement identifier les femmes compétentes et leur dire qu’elles peuvent accéder à des postes plus importants », croit Diane-Gabrielle Tremblay. « Les hommes doivent agir comme mentor auprès des femmes ».

 

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