
Dans l’univers des ouragans, celui de catégorie 5 représente le sommet de ce qu’une catastrophe naturelle peut offrir. Voilà pourtant qu’on parle d’ajouter une catégorie 6.
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L’enjeu n’en est pas un de puissance. L’échelle de Saffir-Simpson, qui va de 1 à 5, classe un ouragan en fonction de la force des vents, donc essentiellement des dommages induits par les rafales: par exemple, la catégorie 1 (119 à 153 kilomètres à l’heure) se traduit par des branches arrachées, des dommages à certains toits et aux lignes électriques. Tandis que la catégorie 5 (252 km/h et plus) se traduit par des maisons complètement détruites et des dommages au réseau électrique qui peuvent durer des semaines.
Or, cette classification, qui remonte aux années 1970, ne tient pas compte des précipitations et de ce qu’on appelle les ondes de tempête: celles qui provoquent une hausse catastrophique du niveau de la mer près des côtes. Et c’est là un vieux sujet de débat chez les météorologues: non pas que le réchauffement climatique produise des ouragans de 300 km/h et plus, mais qu’il soit d’ores et déjà en train de changer les paramètres de formation des ouragans les plus puissants.
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Ce n’est plus seulement un débat d’experts: l’effet conjugué des précipitations massives et de l’eau de mer qui passe par-dessus les barrières de protection, cause jusqu’à 80% des décès lors des ouragans aux États-Unis, selon une estimation parue en 2024 dans le Bulletin of the American Meteorological Society. Il en résulte que le risque que les météorologues tentent de communiquer au public n’est pas adéquatement représenté par les définitions actuelles des 5 catégories.
Dans une étude publiée le 19 août dans la revue Scientific Reports, des chercheurs des Pays-Bas et des États-Unis évaluent ce que représenterait un remplacement de l’échelle de Saffir-Simpson par une « Échelle de la sévérité des tempêtes tropicales », échelle qu’ils avaient proposée en 2021. En intégrant l’élévation des eaux et la quantité de précipitations, cette nouvelle catégorisation servirait mieux les publics à risque en leur offrant une idée plus juste de ce qui se prépare.
« Fréquemment », explique dans un communiqué Jennifer Collins, de l’École des géosciences de l’Université de Sud—Floride, « les gens utilisent la catégorie d’ouragan pour décider s’il faut évacuer ». Or, rappellent ces chercheurs, en 2005, l’ouragan Katrina, qui n’était « que » de catégorie 3, a fait plus de 1800 morts et entraîné des dommages de l’ordre de 125 milliards$, à cause de l’eau qui a envahi la Nouvelle-Orléans. De la même façon, l’ouragan Florence, en 2018, qui n’était « que » de catégorie 1 quand il a touché terre en Caroline du Sud, a provoqué des inondations qui ont tué 55 personnes.
Les désavantages à ne baser l’actuelle catégorisation que sur la force des vents sont connus: dès 2014, une étude concluait que les vents étaient responsables de 8% des décès, contre 27% pour les précipitations et 49% pour les inondations.