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Ces derniers jours, j'ai répondu sur Facebook à un type qui citait comme source scientifique anti-vaccination le Daily Mail, pourtant l'un des plus mauvais journaux du monde. À un autre qui citait un clip sur Youtube avec l’ardeur d’Einstein découvrant le secret de la Caramilk. Et à un commentaire de cet article qui présentait Andrew Wakefield comme une victime incomprise.

Avant cela, il y avait eu ces climatosceptiques qui venaient de découvrir grâce à un blogue (ou une lettre dans le Wall Street Journal) un incroyable scandale: la Terre s'est déjà réchauffée dans le passé et les climatologues ne nous en ont rien dit!

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On en rit, mais c’est pas drôle. En fait, c’est pour ça que les gens n'aiment pas le journalisme: il faut faire des recherches. Vérifier ses sources. C’est fastidieux. Et tellement contre-intuitif, parce qu'on arrive rarement aux conclusions espérées. C'est si valorisant de citer ceux qui pensent comme nous. Merci Google!

À une extrémité du spectre, il y a cette secte de l'Esprit Saint, près de Joliette, au Québec, où ils ont tellement peur des idées des autres qu'ils se reproduisent en cercle fermé depuis deux ou trois générations, au point de partager par dizaines les mêmes noms et prénoms (et la rougeole, en prime). À l'autre extrémité du spectre, il y a ceux qui cherchent en toute bonne foi de l'information sur le climat ou les vaccins mais pour qui chercher, ça signifie googler ses propres opinions.

Comment dialoguer avec un croyant? demandions-nous au début du mois, en ouvrant notre dossier sur la vaccination. Un mois plus tard, je pense qu'une solution se dessine: il faudrait tout simplement leur apprendre à chercher.

Mais pour cela, il faut d'abord leur apprendre à distinguer un fait d'une opinion. Et pour cela, il faut auparavant leur enseigner qu'une opinion qui confirme notre propre opinion ne devient pas magiquement un fait. Et pour cela, il faut apprivoiser cette bestiole bizarre qu'est l'esprit critique.

Un programme moins Everest qu'il n'y paraît. Traditionnellement, les scientifiques et les fonctionnaires de l'éducation ont cru que la solution résidait dans l'injection du virus de la connaissance. Enseignez-leur l'ABC du climat, et ils verront la lumière. Trente ans de climatosceptiques et 30% des gens qui croient que le Soleil tourne autour de la Terre ont réduit cette idée en cendres. Il serait donc temps d'écouter davantage ceux qui, parmi les vulgarisateurs, s'astreignent à lier science et société, plutôt qu'à n'expliquer que des découvertes. Et il serait plus que temps de soutenir ceux qui, en vrais journalistes scientifiques, regardent d’un oeil critique autant la science que la société.

Pas besoin de réinventer la roue: l'esprit critique est déjà là, un peu partout sur Internet. Mais encore faut-il le sortir de l'ombre que lui fait le Daily Mail...

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