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Le gouvernement Trump prépare-t-il une chasse aux sorcières contre les fonctionnaires qui ont travaillé sur les changements climatiques ou — suprême offense — qui ont participé à une des conférences des Nations Unies sur le climat ? C’est la crainte qui circule à la lecture de deux des 74 questions d’un mystérieux questionnaire envoyé aux milliers d’employés du ministère de l’Énergie.

 

Révélé par l’agence Bloomberg le 8 décembre, ce questionnaire, envoyé deux jours plus tôt, est une initiative de l’équipe de transition du futur président Trump. Il comporte toutefois des volets beaucoup moins inquiétants que ce que les résumés des derniers jours ont pu laisser croire : des questions portent par exemple sur les salaires les plus élevés au sein du ministère, la valeur de l’immobilier, le programme de modernisation du réseau électrique, les publications du ministère dans le domaine des énergies propres, etc.

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Les observateurs ont rapidement noté qu’il n’était pas inhabituel que l’équipe de transition d’un futur président envoie des listes de questions à certains des ministères ou des agences, dans le but de se faire une tête sur ce que pourront être ses priorités. Mais la longueur du questionnaire étonne — et la nature très climatosceptique des « nominés » de Trump rend difficile de ne pas voir des intentions malveillantes. Ainsi, de la question 19 qui a attiré l’attention de tout le monde :

 

Pouvez-vous fournir une liste de tous les employés du ministère et des contractuels qui ont participé à toute Conférence des parties (sous l’égide de la [Convention des Nations Unies sur les changements climatiques] ) au cours des cinq dernières années ?

 

Ce questionnaire « suggère que l’administration Trump prépare une chasse aux sorcières des fonctionnaires qui ont simplement fait leur travail », a réagi dans le New York Times Robert Weissman, du groupe Public Citizen.

Cette alerte a fouetté les ardeurs des groupes militants qui, depuis un mois, se préparent à une « résistance » à un président qu’ils perçoivent déterminé à démanteler des décennies de politiques environnementales. Mais cette alerte a également fouetté les ardeurs des scientifiques eux-mêmes : alors que certains craignent un retour à « l’époque Bush » de l’ingérence politique dans la recherche, plusieurs craignent plus encore que le harcèlement dont des climatologues ont fait l’objet ces dernières années ne soit bientôt cautionné au plus haut niveau.

À titre d’exemple, un nommé David Schnare, nommé la semaine dernière sur l’équipe de transition de l’EPA, s’est fait une spécialité ces dernières années de faire des demandes répétées aux tribunaux pour obtenir les courriels des climatologues et de leurs universités. L’organisme climatosceptique Competitive Enterprise Institute, pour lequel travaille Myron Ebell, un autre membre de l’équipe de transition, a également tenté d’amener les climatologues devant les tribunaux. Toutes ces demandes ont été rejetées par les juges. Un Fonds spécial, le Climate Science Legal Defense Fund , a été créé en 2011 spécifiquement en réaction à ces attaques.

Ni les employés de l’Agence de protection de l’environnement ni ceux du ministère de l’Intérieur n’ont reçu un semblable questionnaire, selon les vérifications journalistiques faites en fin de semaine.

Au-delà du climat, le document semble également révéler un intérêt particulier pour une relance du nucléaire : des questions portent sur les programmes existants pour garder en vie les centrales nucléaires vieillissantes, pour prévenir leur fermeture prématurée, sur les recherches en cours en vue d’une nouvelle génération de réacteurs nucléaires et sur l’éventuel dépôt de déchets radioactifs du Nevada, projet qui avait été abandonné sous Obama.

[ Ajout 13 décembre ] Réagissant à la polémique, une porte-parole du ministère de l'Énergie a déclaré qu'il ne divulguerait pas de listes de noms en réponse aux questions controversées. “We will be forthcoming with all publically-available information with the transition team. We will not be providing any individual names to the transition team.” ]

 

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