« Les biomolécules qui m’intéressent, les peptides bioactifs issus des crabes des neiges, possèdent des propriétés antimicrobiennes qui sont utiles dans la lutte contre les infections et comme agent de conservation des aliments », explique Lucie Beaulieu, professeure à l’UQAR et organisatrice du colloque La biodiversité marine au service de la santé qui se tenait la semaine dernière lors du congrès de l’ACFAS à Québec.
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Les coproduits marins issus des usines de transformation fournissent la matière première de nombreuses recherches en biomolécules marines actives dont le Centre de technologie des produits aquatiques du MAPAQ (CTPA) a entrepris de valoriser.
Le poisson en tête
Si les bienfaits d’une alimentation riche en oméga-3 sont aujourd’hui reconnus, les poissons et les fruits de mer n’ont pourtant pas fini de livrer tous leurs potentiels.
Hélène Jacques, professeure au département des sciences des aliments et de nutrition de l’Université Laval présentait au colloque le fruit de ses dernières recherches sur la consommation de morue et le diabète. Les résultats de son étude clinique nutritionnelle chez l'humain montrent que la consommation de ce poisson de chair blanche et pauvre en oméga-3 améliore la sensibilité à l'insuline chez les sujets résistants.
Un régime constitué de deux repas par jour durant quatre semaines augmente la sensibilité de 32 % et offre une amélioration de prédicteurs indépendants, telle la réduction de la protéine C-réactive, responsable d’inflammations. « Nous recherchons maintenant quelle est la portion de morue suffisante pour obtenir ces effets bénéfiques », confirme la chercheuse du Centre de recherche sur les maladies lipidiques.
Valoriser les restants
Les nutriments provenant des organismes marins possèdent également de multiples effets bénéfiques sur le système nerveux, le cœur ou encore le développement des enfants. Ainsi, le sélénium a des propriétés antioxydantes et antitoxiques tandis que l’iode s’avère essentiel à la maturation du cerveau du fœtus et du jeune enfant.
Des bénéfices qui poussent les populations des bords de mer, des Inuits aux Polynésiens, à consommer des produits marins en grande quantité. « Les aborigènes d’Australie savent qu’à certains moments de l’année les poissons font des provisions de gras. C’est là qu’ils se livrent à une pêche intensive », révèle Éric Dewailly de l’unité de recherche en santé publique du CHUL-CHUQ.
Selon le chercheur, les Québécois n’aiment pas le poisson qui goûte le poisson. C’est pourquoi « ils n’ont pas dans le sang la portion d’oméga-3 qu’ils devraient avoir. Il en faudrait trois fois plus », sanctionne le médecin.
Si la santé passe par une plus grande consommation de poisson et des restants d’organismes marins, les applications pratiques de ces biomolécules seraient bien plus larges. « Il existe aussi des travaux pour mettre au point des adhésifs d’outils chirurgicaux et de la peinture écologique pour les bateaux », annonce Lucie Beaulieu. Les restes de poisson et de fruits de mer ont donc de beaux jours devant eux.
Pour en savoir plus
Centre de recherche sur les biotechnologies marines
http://www.symposiumsmb.com/ http://www.aftc.ca/TAFT2006/ http://imbc2007.ocean.org.il/