
L’empoisonnement au plomb aurait pu jouer un rôle dans la mort de deux nourrissons, il y a près de… 2000 ans.
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C’est un fait connu depuis longtemps que, dans diverses régions du monde, l’exploitation minière a laissé des traces mesurables dans l’environnement. Les plus anciennes remontent à 7000 ans au Proche-Orient: des mines de cuivre dans une région de ce qui est aujourd’hui la Jordanie ont contribué à une accumulation des résidus dans une rivière locale.
Au temps de l’Empire romain, ce n’était plus juste une question d’exploitation minière. Le plomb était présent dans les tuyaux pour l’eau courante et dans les récipients pour la cuisson. On l’utilisait même comme agent de conservation pour les fruits.
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Mesurer l’impact de la pollution sur la santé, à des milliers d’années de distance, a toutefois toujours été difficile. Par exemple, le fait d’identifier des traces d’un métal comme le plomb dans les os ne signifie pas que cette personne en a souffert pendant sa vie.
Or, dans une étude publiée récemment dans la revue Journal of Archaeological Science: Reports, une équipe d’anthropologues et d’archéologues de Croatie et des États-Unis y est allée par un chemin détourné: ces deux bébés, qui sont des jumeaux —un garçon et une fille— sont morts alors qu’ils avaient moins de deux mois. Ils ont été enterrés vers la fin du 1er siècle de notre ère dans un cimetière de la ville de Trogir, en Croatie.
Tous deux montraient des signes d’une maladie chronique causée par l’incapacité du corps à métaboliser certains nutriments. À cet âge, leur alimentation ne provenait probablement que de la mère, ce qui signifie que cette maladie était celle de la mère elle-même, et l’empoisonnement au plomb est l’une des causes connues. De plus, leurs os montrent des signes d’ostéoporose: c’est également ce à ce quoi on s’attendrait d’enfants de cet âge qui ont été exposés à une trop grande quantité de plomb.
Ce sont des preuves circonstancielles, reconnaissent les quatre chercheurs. Mais elles vont dans la direction que suggèrent archéologues et historiens, pour qui il est impossible qu’avec cette présence du plomb dans le quotidien, on n’ait pas assisté chez les Romains à une augmentation, par rapport aux sociétés plus anciennes, de ce type d’impacts sur la santé.