
Je mentionnais dans un article précédent qu'une équipe du MIT venait de proposer un modèle qui concorde étroitement avec les récentes découvertes expérimentales indiquant que les astrocytes collaborent avec les neurones pour stocker et récupérer les souvenirs. Dans un autre de mes articles, je mentionnais que des travaux pourraient mettre en évidence la possibilité que des bactéries puissent traiter de l'information au profit de l'organisme qui les héberge. Neurones, astrocytes et certaines bactéries du microbiote intestinal constitueraient apparemment un triumvirat pour résoudre le problème de l'encodage et du traitement de l'information.
Selon ces études, si neurones et astrocytes collaborent à cet effet d'une part et, de même, si bactéries et neurones travaillent également de concert pour traiter des informations, alors d'autres travaux devraient mettre en évidence un lien entre certaines bactéries intestinales et les astrocytes pour compléter cette boucle. C'est une étude semblable que je souhaite mentionner ici. Après avoir démontré que le microbiote intestinal pouvait atténuer la dégénérescence des astrocytes, une équipe de chercheurs a pu préciser, dans un article publié dans The Journal of Clinical Investigation, sur des souris atteintes de la maladie d'Alzheimer, comment s'exerçait cet effet. À cette fin, l'équipe a identifié un composé, le propionate, que produisent certaines bactéries de l'intestin du rongeur. La substance a pour effet de diminuer la formation de plaques amyloïdes et de provoquer une réduction de la dégénérescence des astrocytes. Ces deux phénomènes sont connus pour jouer un rôle dans le développement de la maladie d'Alzheimer, ce trouble neurodégénératif qui affecte les fonctions cognitives. La mémoire étant ici la principale fonction affectée, pareille étude nous montre ainsi qu'une substance, produite par une bactérie intestinale chez la souris, participe au maintien du bon fonctionnement de cellules impliquées, avec les neurones, au traitement des informations liées aux souvenirs. Il est à noter que cette démonstration n'a été observée que chez des souris mâles.