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Des forêts tropicales australiennes ont réalisé une première dont ce pays se serait bien passé: elles ont émis davantage de CO2 qu’elles n’en ont absorbé. Et il y a de bonnes chances pour qu’elles ne soient pas les dernières. 

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Rappelons que les forêts sont des « puits de carbone » : autrement dit, une partie des surplus de nos émissions de dioxyde de carbone est absorbée par les arbres, au lieu de s’accumuler dans l’atmosphère. Il y a des limites aux capacités d’absorption des arbres, et l’Australie est en train d’en faire la preuve, mais cette fois, nos propres émissions de gaz à effet de serre ne sont pas seules en cause. 

Selon une étude qui a pu profiter de plus de 50 années de données (depuis 1971) sur les forêts tropicales humides du nord-est de ce pays, l’inversion entre un « puits » et un « émetteur » aurait commencé il y a environ 25 ans. Les troncs et les arbres se sont mis à émettre davantage que ce qu’ils absorbaient, parce que le nombre d’arbres morts s’était mis à augmenter plus vite et que la croissance nette des forêts ne parvenait plus à compenser. 

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C’est que les arbres absorbent du carbone alors qu’ils croissent et le relâchent quand ils meurent. Or, les températures plus élevées que la normale et les sécheresses à répétition ces dernières décennies ont perturbé ce processus, écrivent les chercheurs d’Europe et d’Australie en biologie, foresterie, écologie végétale et sciences de l’environnement, qui ont publié leur étude le 15 octobre dans la revue Nature.

Le processus n’est donc pas aussi linéaire qu’on l’aurait jadis imaginé —les humains émettent beaucoup de CO2, puis les arbres ne peuvent pas en absorber davantage— mais le résultat final est le même: les forêts ne peuvent pas être considérées comme des alliés entièrement fiables en tant que réceptacles naturels de nos surplus de CO2. 

Comme l’écrit l’auteure principale, la chercheuse australienne Hannah Carle, dans The Conversation, « il reste à voir si les forêts tropicales australiennes sont des présages pour les autres forêts tropicales à travers le monde ». Si c’est le cas, ça aura des conséquences sur les façons de calculer les « budgets carbone » de l’humanité aux horizons des années 2050 et 2100.

Ce sont aussi des résultats qui touchent l’Australie là où fait mal: le pays est l’un des plus gros pollueurs par habitant, et son gouvernement a récemment autorisé un des plus gros sites d’exploitation gazière de continuer à opérer pendant 40 autres années.

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