Vue d'une méduse,

Un article passionnant mentionné ici met en évidence un phénomène d'apprentissage chez la cuboméduse. Bien que possédant un système nerveux, cet animal est dépourvu de cerveau. Des équipes de recherche commencent ainsi à découvrir que l'apprentissage serait possible chez les cnidaires susceptibles de nous amener un peu plus loin dans notre réflexion.

Certaines espèces de méduses comme la cuboméduse possèdent des organes sensoriels dédiés à la vision. On ne parle pas encore d’œil, mais de rhopalie. Il se trouve que chez cette espèce - et c'est probablement le cas pour les autres espèces de méduses concernées - ces organes de la vision sont les structures nerveuses les plus développées. D'où le fait, tel que mentionné dans l'article que certains chercheurs font l'hypothèse que ces structures seraient impliquées dans l'apprentissage mis en évidence dans l'expérience. On peut imaginer au moins deux avantages à ce type d'organisation. D'une part, si le traitement et la mémorisation de l'information visuelle se font exclusivement au moyen de ces organes pour ensuite commander directement les muscles, le gain en rapidité pourrait être appréciable. D'autre part, comme l'animal possède 6 rhopalies, l'information acquise durant l'apprentissage pourrait être conservée à 6 endroits différents si bien que si l'un ou l'autre de ces organes se trouve endommagé, cette information ne serait pas perdue.

C'est intéressant. Dans un article, j'avais fait remarquer que la rétine chez l'humain pourrait être impliquée directement dans la cognition en effectuant une partie du traitement de l'information. Pour autant, on ne peut pas en déduire que l'apprentissage a émergé chez les cnidaires avec l'apparition de ces structures homologues à l’œil chez les vertébrés ou d'autres classes d'invertébrés tels les insectes. Une autre étude publiée un peu plus tôt cette année a mis en évidence un phénomène d'apprentissage associatif également chez les cnidaires, mais cette fois chez une espèce d'anémone (Nematostella vectensis). L'équipe de scientifiques a pu constater que des individus de cette espèce parvenaient à associer la lumière comme stimulus conditionné avec un choc électrique. Or non seulement cette espèce est dépourvue de cerveau, mais elle est aussi dépourvue d'organe dédié à la vision. Elle dispose néanmoins de photorécepteurs qui lui permettent de réagir à la lumière. Si bien qu'on est amené ici à l'idée que l'apprentissage parmi les plus élémentaires ne nécessiterait ni cerveau ni même une ébauche de structure nerveuse plus ou moins complexe telle que la rhopalie comme chez la cuboméduse.

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On peut s'en étonner. On peut rappeler à tout le moins qu'une expérience menée en 2013 a montré que si on coupait une planaire en deux après qu'elle eut réussi un type semblable d'apprentissage associatif, la partie arrière de l'animal régénérait une tête, grâce entre autres au gène «Smed-prep», et que le nouvel animal avait conservé l'information de son apprentissage antérieur. Cette information emmagasinée dans la partie caudale ne pouvait pas faire intervenir le cerveau ni un organe le moindrement complexe. Il reste donc beaucoup à découvrir dans ce domaine.

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