En 2015, un nouveau chapitre a été ajouté au code de la construction du Québec : l’efficacité énergétique du bâtiment. La réduction de la consommation énergétique durant la phase d’opération peut effectivement permettre de limiter l’impact des bâtiments sur l’environnement, mais ce n’est pas le seul facteur ! Par exemple, la phase de construction peut représenter une grande partie des impacts d’un bâtiment dans un contexte de mix énergétique à faible impact (hydroélectricité), comme c’est le cas au Québec.
Évaluer et réglementer les impacts environnementaux sur l’ensemble du cycle de vie d’un bâtiment devient primordial. Mais alors, par où commencer ?
Une méthodologie: l'ACV
L’analyse de cycle de vie (ACV) de bâtiment est un outil qui permet d’évaluer l’impact environnemental de bâtiments sur l’ensemble de leur cycle de vie. L’approche holistique de l’ACV permet, après une quantification des impacts, de cibler les phases du cycle de vie ou processus qui sont les plus dommageables pour l’environnement. De plus, l’analyse de cycle de vie ne porte pas uniquement sur le pouvoir de réchauffement global dû aux émissions de GES, elle permet aussi de quantifier d’autres impacts tels que: les dommages sur la santé humaine, la qualité des écosystèmes et l’utilisation des ressources.
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Figure 1 : Principales phases du cycle de vie d'un bâtiment
Pour plus d’information, voir : Concrètement c'est quoi une ACV ?
Collecter et analyser les résultats des ACV de bâtiments
Pour élaborer des références, il est possible de se baser sur des études qui ont déjà été réalisées. Cet exercice a déjà été réalisé afin de dresser des lignes directrices concernant la consommation énergétique des bâtiments. Néanmoins, bien que l’analyse du cycle de vie soit cadrée par les normes ISO 14040/44 [1], un ensemble de paramètres peuvent être différents d’une étude à l’autre, tel que : l’unité fonctionnelle, l’origine des données, la méthode d’impact utilisée, ou encore les frontières du système.
Tous ces paramètres entraînent une grande variabilité dans les résultats des ACV, ce qui limite l’aboutissement de consensus au sujet de l’impact environnemental des bâtiments [2].
Au travers d’analyses statistiques, il est possible de quantifier cette variabilité et d’en trouver les sources d’hétérogénéités.
Réduire la variabilité
Une fois les résultats des études collectés, l’objectif est de réduire la variabilité dans les paramètres et résultats. Afin de réduire la variabilité, il est possible d’identifier les résultats qui sont hétérogènes et de les harmoniser.
Ces paramètres sont par exemple :
- La durée de vie du bâtiment : oscille entre 35 ans et 75 ans dans les études
- L’unité pour reporter la surface du bâtiment : surface brut ou surface nette (l’emprise au sol des murs n’est pas prise en compte dans la surface nette)
- La consommation énergétique des bâtiments, tout comme la source de cette énergie.
L’harmonisation d’ACV a pour but de rendre les analyses plus facilement comparables.
Pourquoi donner un cadre de référence simplifié ?
Un sondage de 2019 auprès de Canadiens indique que 24% des personnes sondées placent l’environnement et le changement climatique comme leur préoccupation principale, alors que14% ont indiqué l’économie et le chômage et 9% la santé [3]. Ce résultat montre une volonté de faire des choix en prenant en compte leurs impacts environnementaux. Ainsi, avoir des références simplifiées pourrait influencer le choix d’habitation des Canadiens dans un but de réduction de leur propre émission. Outre les décisions des citoyens, le milieu de la construction est un grand contributeur à de nombreux enjeux relatifs à l’environnement (GES, déchets, utilisations des ressources). Fournir ce cadre de référence permettra aux professionnels du milieu d’améliorer leurs pratiques.
Ces travaux contribueront donc au développement d’un outil d’ACV de bâtiment qui s’applique au contexte québécois, tout en s’assurant de l’applicabilité et la pertinence de celui-ci. Il est important d’avoir des références concernant les impacts environnementaux, ainsi que de rendre l’ACV plus accessible.
Figure 2 : Illustration de l'intensité des impacts environnementaux
Par Mélissa Djilfrank, étudiante à la maîtrise au LIRIDE
[1] « ISO 14044 : Environmental Management: Life Cycle Assessments: Requirements and Guidelines », ISO, 2006.
[2] M. R. M. Saade, G. Guest, et B. Amor, « Comparative whole building LCAs: How far are our expectations from the documented evidence? », Build. Environ., vol. 167, p.106449, janv. 2020, doi: 10.1016/j.buildenv.2019.106449.
[3] Article LaPresse: "Sondage Environics: l’environnement, principal souci des Canadiens"