Avec son collègue Reza Jafari, également professeur à l’UQAC, elle a reçu une subvention du CRSNG pour développer un revêtement anti-COVID. Le mot clé pour faire le lien entre la glace et SRAS-CoV2 est adhésion. « Dans les travaux précédents, l’objectif était de diminuer l’adhésion de la glace sur les matériaux. Avec la COVID, l’objectif est de diminuer l’adhésion du virus. Ce n’est pas si éloigné », compare-t-elle.
Au-delà de la glace et du coronavirus, la spécialité de Gelareh Momen et de son équipe de recherche est en effet le développement de revêtements antiadhésifs en s’inspirant de la feuille de lotus. « L’eau n’adhère pas sur la feuille de lotus. Même avec la pluie, l’eau rebondit et la feuille reste sèche », justifie-t-elle. De là, ses recherches sur les revêtements glaciophobes qui sont maintenant mises à profit pour développer un revêtement autonettoyant et anti-COVID. « Avec une surface autonettoyante, quand la gouttelette d'eau arrive, elle fait un balayage, elle emmène avec elles les saletés et la surface reste sèche après le passage de la gouttelette », poursuit-elle.
Recruté pour ce projet comme chercheur post-doctoral, Siamak Motahari a donc développé un revêtement autonettoyant constitué d’un film de biopolymère qui mime la structure de la surface de la feuille de lotus.
Mais autonettoyant ne veut pas dire antiviral. Siamak Motahari a donc procédé à quelques modifications chimiques en surface pour ajouter une fonction antivirale. Les détails de ces modifications chimiques ne peuvent pas être révélés car une demande de brevet est en cours. Mais les résultats sont là. Les propriétés antivirales du film de biopolymère ont été testées en présence du HCoV-OC43, un cousin du SRAS-CoV-2, avec une efficacité de 99,9 %, pendant quelques mois. Autrement dit, le revêtement élimine la presque totalité des virus et reste exempt de virus pendant un mois. L’équipe attend avec impatience les résultats d’un test en cours avec le SRAS-CovV-2.
Le revêtement peut être appliqué au pinceau ou par vaporisation sur diverses surfaces comme du bois, du plastique, du métal, du verre. Gelareh Momen envisage très bien son utilisation en milieu hospitalier pour sécuriser des surfaces stratégiques comme la poignée de porte d’une salle d’attente ou les barreaux d’un lit. Et comme il est transparent, il n’altère pas l’apparence des objets qu’il couvre.
Il adhère aussi sur du textile ce qui ouvre la porte à des applications sur des masques et une nouvelle demande de subvention est en cours pour initier ce nouveau projet.
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L'illustration a été produite par IMPAKT Scientifik