Et si notre Univers, le cosmos tout entier, n'était qu'une horloge dont chaque battement s'étalait sur des centaines de milliards d'années? A chaque battement, son Big Bang?

L'hypothèse est connue des cosmologistes: ils appellent ça l'univers cyclique. Le cosmos vivrait une phase d'expansion, comme maintenant, puis de contraction, jusqu'à ce que la densité soit telle qu'un Big Bang ne relance le cycle dans l'autre direction.

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Le problème avec cette hypothèse, c'est qu'elle est indémontrable, puisque rien ne subsiste de ce qu'il y avait avant "notre" Big Bang.

Or, ce dernier élément n'est pas si sûr, affirment maintenant, dans la revue américaine Science, Paul Steinhardt, de l'Université Princeton (New Jersey) et Neil Turok, de l'Université de Cambridge (Angleterre).

Tous deux sont partis de l'une des découvertes les plus étonnantes de l'astrophysique récente, celle selon laquelle notre cosmos n'est pas seulement en expansion, mais cette expansion est en train de s'accélérer. Comme si une force encore inconnue, l'inverse de la gravité, était à l'oeuvre à l'échelle cosmique. Cette énergie pourrait être ce que les physiciens appellent la constante cosmologique, ou "l'énergie de l'espace vide".

Léger problème, la valeur de cette constante avait déjà été calcule, et elle est des milliards de milliards de milliards de fois plus petite (le chiffre 1 suivi de 100 zéros!) que ce que prédisaient les physiciens pour rendre possible cette accélération de l'expansion cosmique.

C'est là qu'interviennent Steinhardt et Turok. Si, suggèrent-ils, on considère que le temps ne commence pas avec le Big Bang il y a 13,7 milliards d'années, mais s'étend bien au-delà, alors la constante cosmologique aurait le temps de diminuer jusqu'à atteindre cette valeur aussi étrangement faible.

On parle ici d'échelles de temps qui dépassent l'imagination: on parle ici d'une durée à côté de laquelle "nos" 13,7 milliards d'années ne seraient qu'un clin d'oeil. Chaque cycle durerait un millier de milliards d'années, et chaque fois, la quantité d'énergie et de matière serait rebrassée, mais pas la constante cosmologique: cette dernière diminuerait progressivement à chaque fois, à travers ce que les physiciens appellent des "transitions quantiques".

"Cela signifie que des choses qui se produisent à présent contribueront à créer un autre univers dans le futur", résume sur les ondes de la BBC le Dr Turok.

Si l'idée est intriguante, elle est difficile, elle aussi, à démontrer. Pourtant, les deux auteurs affirment qu'elle peut être testée: le modèle cyclique dit que le Big Bang produit des ondes gravitationnelles, et les récentes percées technologiques ont lancé plusieurs physiciens sur la piste de ces ondes.

Dans tous les cas, reconnaît Neil Turok, cette idée lancée dans Science n'est qu'une première étape. "C'est une première tentative pour aller au-delà de la théorie de la gravit d'Einstein. Il serait surprenant que nous résolvions tout du premier coup."

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