Si la mode vestimentaire préfère désormais le prêt-à-porter au sur-mesure d’autrefois, la pharmaceutique emprunte le chemin inverse avec, comme compagnon de route, la génétique. L’amélioration des connaissances génétiques pourrait en effet permettre la création de pilules « sur mesure », ajustées au génome de chacun.

C’est ce dont rêvaient les généticiens et spécialistes de la pharmaceutique réunis dans un symposium organisé par Génome Québec en novembre à Montréal. Grâce à cette nouvelle discipline, la pharmacogénomique, les généticiens espèrent aussi mieux connaître ce qui, génétiquement, fait en sorte qu’un médicament provoque des effets secondaires chez une personne et pas chez l’autre. Cela aiderait bien sûr le médecin à choisir le bon médicament pour chaque patient.

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La question n’est pas banale, puisque les effets secondaires des médicaments sont la quatrième cause d’hospitalisation et la cinquième cause de mortalité en Amérique du Nord. À preuve, l’histoire qu’a raconté le conférencier Felix W. Frueh, devant un auditoire d’environ 200 personnes. Le scientifique, directeur associé au Bureau de la génomique et de la pharmacologie clinique de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis, a montré comment deux tests génétiques ont permis de réduire les risques de complications d’un médicament.

La Warfarine, aussi nommée Coumadine, est un anticoagulant prescrit aux personnes atteintes d’une maladie cardio-vasculaire. Puisque ses effets secondaires peuvent être sévères, son dosage doit être ajusté à la sensibilité de chacun. Or, deux tests génétiques permettent aujourd’hui d’évaluer cette sensiblilité, a fait valoir M. Frueh. Grâce à ces tests, les médecins savent qui, parmi leurs patients, peut supporter la Warfarine, et à quelle dose. Cela s’est traduit par une réduction des hémorragies et autres complications liées au médicament, ainsi que par des économies substantielles : « 1,1 milliard $ pour le système de santé et 550 $ en moyenne pour chaque patient », souligne M. Frueh.

Au Canada, les applications cliniques de la pharmacogénétique restent exceptionnelles. L’une d’elles permet d’identifier le type de tumeur dont souffre une femme atteinte d’un cancer du sein et ainsi, savoir si le médicament Herceptin aidera à réduire la tumeur.

Incidemment, la pharmacogénomique, c’est la spécialité du Québec. Le laboratoire de Jean-Claude Tardif, de l’Institut de cardiologie de l’Université de Montréal est le seul laboratoire de pharmacogénétique au Canada. On y étudie les causes génétiques des réactions aux médicaments prescrits contre les maladies cardiovasculaires. Les chercheurs espèrent ainsi élaborer des tests diagnostiques. Seront-ils aussi efficaces que ceux utilisés avec le Warfarin ?

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