Tout comme la génétique avait permis, ces dernières années, d’en apprendre davantage sur le chien, elle vient d’ouvrir une nouvelle fenêtre sur le chat: une étude publiée dans la revue Science, portant sur 979 chats d’aujourd’hui répartis sur trois continents, révèle qu’ils ont tous un ancêtre commun qui vivait au Proche-Orient il y a 130 000 ans.
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Entre cette époque et la nôtre, apparaissent cinq lignées distinctes; les chats qui occupent votre salon (ou les chats dont vous occupez le salon, diront certains!) ont, génétiquement, leurs plus proches cousins parmi les chats sauvages vivant aujourd’hui dans les déserts d’Israël, des Émirats arabes unis et d’Arabie Saoudite.
En soi, cela ne nous apprend rien sur le moment où humains et chats ont commencé à cohabiter: l’ancêtre commun au chien et au loup a beau remonter lui aussi presque aussi loin dans le temps, cela ne veut pas dire que les humains ont apprivoisé les chiens (ou que les chiens ont apprivoisé les humains!) dès le moment où ils sont devenus une espèce distincte (lire Le très ancien ami de l’homme).
Mais Stephen O’Brien, directeur du Laboratoire de diversité génomique à l’Institut national du cancer de Bethesda (Maryland), franchit un pas de plus, en suggérant que ces analyses génétiques confirment l’hypothèse voulant que les chats soient devenus utiles pour les humains le jour où ils ont inventé l’agriculture. Car qui dit agriculture dit entreposage des semences. Qui dit entreposage des semences dit rongeurs attirés par ce garde-manger. Qui dit rongeurs dit... chats!
Stephen O’Brien est également à la tête d’un consortium de décodage du génome du chat, ce qui suggère qu’il risque de faire encore les manchettes, le jour où il arrivera au terme de son travail.
L’hypothèse agriculture-rongeurs-chats est dans l’air depuis longtemps. Elle avait notamment été renforcée en 2004, lorsqu’on avait annoncé avoir retrouvé à Chypre, le squelette d’un chat enterré avec un humain, dans une tombe vieille de 9500 ans (lire L’autre plus ancien ami de l’homme). C’était la plus ancienne preuve d’une «alliance» entre humains et chats —et c’était au Proche-Orient qu’on la trouvait, comme de juste.
Une autre chose qui suggère que les chats ont été domestiqués pour une «raison géographiquement très spécifique», c’est justement cette provenance géographique unique, souligne dans les pages de Science Robert Wayne, de l’Université de Californie: car en comparaison, les cochons, les bovins et les chevaux montrent, eux, des origines génétiques beaucoup plus diversifiées