Or donc, la Terre s’approcherait d’une extinction massive des animaux et des plantes. A quoi cela ressemble-t-il si on braque les projecteurs sur une région du globe en particulier?

 

Difficile de répondre à cette question puisque la Liste rouge des espèces menacées dressée par l’UICN (voir le texte principal) ne permet pas d’étudier la question par province ou par comté —après tout, les animaux et les plantes ignorent ces frontières. Mais déjà, un simple survol de la base de données de l’UICN, en choisissant par exemple l’Amérique du Nord et en ne pointant que les espèces de l’Est du continent, ce simple survol, déjà, est révélateur de l’immensité du problème.

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Du côté des poissons, par exemple. L’esturgeon à nez court, qu’on trouve dans les rivières de l’Est de l’Amérique du Nord : à risque, population en baisse. Tout comme son cousin l’esturgeon de l’Atlantique, bien que sa population ait récemment connu une légère hausse. Et l’esturgeon vert, qui semble perdre ses zones de frais une à une, à mesure que l’humain prend sa place. Et le chevalier cuivré, dont les seuls individus au Québec survivent grâce à l’ensemencement.

Dans une catégorie à lui seul : le requin-taupe commun. Sur la liste de l’UICN, ce grand requin pélagique qu’on trouve près des côtes de l’Atlantique, entre le Labrador et le Maine, est passé en 2000 de la catégorie « vulnérable » à une catégorie moins critique. Il est d’ailleurs, depuis 1991, une des rares espèces de requin dont la pêche soit autorisée dans les eaux canadiennes.

Le Pipit de Sprague : un déclin de 32% de la population de cet oiseau migrateur... par décennie depuis 1970! Déclinant moins vite : la couleuvre fauve de l’Est. Son territoire couvre 20 000 kilomètres carrés, mais il est éparpillé, et plusieurs des fragments sont menacés par diverses activités humaines.

Les plus médiatiques sont des cas à part. Tout le monde a entendu parler du loup. Il y a quelques siècles, c’était le mammifère le plus répandu du monde. Il est aujourd’hui disparu de la majeure partie de l’Europe, du Mexique et des États-Unis, chassé —ou plus exactement traqué— par les humains qui ne l’aimaient décidément pas. Ces 20 dernières années, des tentatives pour le réintroduire ont eu cours dans l’Est de l’Amérique du Nord, mais les informations sont encore fragmentaires.

Et bien sûr, l’ours polaire. Il est cité dans la Liste rouge de l’UICN, qui estime la baisse à 30% en trois générations (45 ans) en raison de la progression des humains et du réchauffement. En raison de leur longue espérance de vie, « et de la vitesse accélérée du réchauffement planétaire, lit-on dans le rapport 2007 de l’UICN, il semble peu probable que l’ours polaire soit capable de s’adapter ». Les plus pessimistes prévoient une baisse de la population de plus de 50% en 45 ans (l’équivalent d’une seule génération).

Dans une situation moins critique se trouve le lynx du Canada. La population est estimée à 50 000 adultes, de l’Ontario à Terre-Neuve, mais on présume que ce chiffre diminue lentement, en raison du rétrécissement de son territoire de reproduction et de chasse.

À côté de cela, beaucoup moins médiatique est l’érioderme boréal —un lichen poussant dans la région atlantique. Qui se soucie qu’en 100 ans (trois générations), il soit complètement disparu du Nouveau-Brunswick, et pratiquement disparu (95%) de la Nouvelle-Écosse?

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