Les amis du magazine Seed croisent les doigts. Ce magazine qui promettait de révolutionner la vulgarisation scientifique semble (encore) au bord de la fermeture. Le numéro d’août n’est jamais paru et les abonnés n’ont été avisés que d’un « délai ». Mais ce n’est pas le seul magazine de science à se débattre dans une crise qui frappe l’ensemble des médias.

C’est près du tiers de l’équipe (25 personnes) du mensuel Scientific American qui a été coupé plus tôt cette année, à la suite de l’achat de cette vénérable publication (160 ans!) par Nature Publishing Group, éditeur qui publie aussi la célèbre revue de chercheurs du même nom. L’acheteur a justifié cette décision par une volonté de « rationnaliser », c’est-à-dire éviter les doublons : il faut savoir que, même si Nature publie d’abord des recherches, une partie appréciée de son contenu est constituée, comme le Scientific American, de textes de vulgarisation, faits par des journalistes.

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Après 15 ans à la barre du Scientific American, le rédacteur en chef John Rennie avait également tiré sa révérence le printemps dernier, après l’achat par Nature.

En même temps,la Columbia Journalism Review constatait un recul sur tous les fronts des numéros spéciaux « verts » ou « écologie » publiés d’ordinaire au printemps. L’exemple le plus étonnant était celui d’Outside, magazine de plein air dont l’édition « verte » de 2008 avait été la plus vendue de l’année.

Et avant cela, il y avait eu le cas de l’exploration spatiale. Ce sujet, qui a provoqué l’expansion du journalisme scientifique au cours des années 1960, n’a jamais cessé de reculer depuis. Mais au cours des 12 derniers mois, ce sont trois médias significatifs qui ont coup sur coup supprimé le poste de journaliste affecté aux affaires spatiales : le Houston Chronicle (Houston est le siège du centre de contrôle de la NASA), CNN et... Aviation Week and Space Technology.

Le recul du Seed imprimé, alors que ses blogues (ScienceBlogs) semblent encore bien portants, renforce l’impression d’un recul de l’information « généraliste » —du New York Times jusqu’aux magazines de vulgarisation— tandis que nombre d’internautes consomment de plus en plus d’informations spécialisées. La poussée vers des sources spécialisées —pas juste les blogues— est exprimée ainsi par cette blogueuse scientifique :

Nous nous abonnons à des fils RSS, nous suivons des gens sur Twitter, mais probablement juste les gens et les blogues qui nous intéressaient déjà ou avec lesquels nous sommes d’accord. Nous nous construisons un nid confortable dans le Web 2.0, où nous avons peu de chances de croiser des points de vue opposés ou d’apprendre sur des sujets qui ne nous sont pas familiers.

D’un côté, cela engendre des expériences prometteuses, comme Climate Wire et Mother Nature Network. De l’autre, cela engendre une “blogosphère” de médias hyper-conservateurs qui alimentent chez leurs partisans la fièvre anti-Obama de ces dernières semaines. Deux faces de la même médaille ou deux tendances distinctes?

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